Reconstruction de Notre-Dame de Paris : le fleuve livre la charpente

C’est à un spectacle inédit auquel les Parisiens ont pu assister mardi matin aux abords de Notre-Dame. Arrivées par barge d’Ivry-sur-Seine grâce à l’opérateur Lafarge, trois impressionnantes fermes composant la charpente de la cathédrale ont été hissées jusqu’à la toiture. L’occasion pour le ministre des Transports Clément Beaune d’insister sur le rôle essentiel du transport fluvial dans les chantiers parisiens et pour le général Georgelin, chargé du chantier, de faire un point d’étape sur ce dernier.

Les nombreux journalistes massés sur le pont de l’Archevêché mardi 11 juillet 2023 ont vite été rejoints par une foule de badauds curieux de savoir ce que transportait cette curieuse barge. Avec à sa proue le général Georgelin, président de l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris », Clément Beaune, ministre des Transports, Thierry Guimbaud, directeur général de Voies navigables de France, l’embarcation transportait depuis Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) – où l’établissement public loue des entrepôts – jusqu’au pied de la cathédrale trois gigantesques fermes, de plus de 7 tonnes chacune, qui constituent l’ossature principale des charpentes de l’édifice.

Après les pierres de la voûte de la croisée du transept arrivées de Gennevilliers début 2023, ce sont donc ces pièces en chêne massif qui ont été livrées par la Seine, après avoir été assemblées à Ivry. De 14 à 16 m de largeur et de 12 à 13 m de hauteur, elles ont ensuite été grutées directement sur le monument pour prendre leur place définitive.

« Aujourd’hui cet événement important est l’arrivée des premières fermes qui vont permettre de reconstruire le grand comble et le transept de la cathédrale », s’est félicité le général Georgelin, assurant « poursuivre imperturbablement notre marche vers la réouverture de la cathédrale fin 2024 ». A la fin de l’année, il sera possible de voir la silhouette de Notre-Dame, avec sa flèche, « même s’il y aura encore des échafaudages et si les couvreurs n’auront pas encore réalisé leur travail », a ajouté le responsable de cet impressionnant chantier.

Génie collectif français de la construction

« Cette étape majeure montre le génie collectif français de la construction, l’engagement de milliers de gens partout en France en faveur d’un chantier exemplaire tel que celui de Notre-Dame qui touche au cœur tous les Parisiens et tous les Français », a salué Clément Beaune, manifestement ému de voir la charpente s’élever. « Nous vivons ce matin à Paris et sous l’œil de beaucoup de Parisiens un moment magique, a reconnu le ministre des Transports, c’est Notre-Dame qui continue à reprendre vie ».

Si la prouesse impressionne, le tour de force de l’opération réside surtout dans l’utilisation réussie de l’acheminement, par le transport fluvial, de ces fermes déjà montées.

Dans un consensus général, chaque partie prenante a vanté l’intérêt du transport fluvial pour approvisionner les chantiers parisiens. « Nous sommes très heureux que Voies navigables de France et Haropa aient répondu positivement à notre demande de transporter ces fermes par voie fluviale depuis Ivry », a ainsi fait valoir le général Georgelin. « Je suis très satisfait que la Seine contribue à nouveau à la reconstruction de Notre-Dame comme elle le fut à l’origine pour le chantier de la cathédrale », a de son côté affirmé Clément Beaune, soulignant que les Parisiens se réappropriaient progressivement la Seine avec toutes les étapes à venir : « la baignade, les JOP 2024 et la préservation de l’écologie que nous essayons d’encourager ».

40 000 camions évités

Outre les loisirs, la Seine contribue aussi à l’activité économique, celle de la construction mais pas uniquement. « Le fluvial apporte beaucoup aux chantiers, celui du Village olympique, celui du RER à Saint-Michel, ou encore celui du Palais de justice qui va bientôt débuter », a renchéri Thierry Guimbaud. « C’est un apport essentiel dans les zones denses, notamment pour la logistique urbaine avec de grands distributeurs qui utilisent le fleuve permettant d’aller au plus près des chantiers et des clients, avec un mode de transport cinq à six fois moins polluant que les autres ».

« Le transport fluvial émet 5 fois moins d’émissions carbone que le routier. Une nécessité écologique majeure que nous continuerons de développer. Mais également une question de facilité, puisque transporter des morceaux de charpente aussi imposants dans les rues de Paris en travaux se serait avéré être un véritable parcours du combattant.» indique Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris.

Clément Beaune a d’ailleurs rappelé que « sans recours au fleuve sur les chantiers en cours à Paris actuellement, 40 000 camions supplémentaires circuleraient ».

Source : Le Journal du Grand Paris