Pont de Sully à Paris : le fluvial paie cher le principe de précaution

Depuis près de 4 semaines, traverser Paris est devenu un casse-tête pour les opérateurs de fret après le heurt du pont de Sully survenu le 31 Janvier.

Des restrictions de naviguer jamais vues proportionnellement à l’incident ont été mises en place mais dans des conditions opérationnelles dont la complexité n’a d’égal que le niveau de contrainte exorbitant pour les professionnels.

Excès de zèle ?

On ne peut que s’interroger sur ce qui apparaît de plus en plus clairement comme un excès de protection de la Mairie de Paris, saluer le travail d’organisation de VNF et du Port de Paris en lien avec les représentants professionnels, et appeler le Préfet, décisionnaire en dernier ressort, à rouvrir le passage dans des conditions gérables.

Car si l’organisation mise en place permet de faire passer en moyenne plus de 200 000 tonnes de marchandises par jour assurant ainsi la continuité de l’activité, à l’exception notable des opérations de logistique urbaine qui paient un lourd tribut à cet accident, c’est au prix d’une véritable logistique de guerre.

Les conditions actuelles de passage atteignent leurs limites et elles ne sont clairement pas tenables dans le temps.

Au regard de considérations liées au rythme de travail des artisans bateliers et de leurs salariés, lorsqu’ils en ont, puisque les impératifs logistiques fixés par les clients aussi bien que l’absolue nécessité de les servir, impliquent le recours systématique à la navigation de nuit ;

Au regard de considérations de sécurité, puisque la concentration de bateaux aux écluses et au passage du pont de Sully dans des laps de temps aussi réduits et selon une fréquence aussi limitée, est en elle-même constitutive de risques ;

Au regard de considérations économiques, puisque le travail de nuit des salariés ainsi que la vitesse d’exploitation plus élevée occasionnent des surcoûts. S’ajoutent à ces facteurs, le décalage progressif des livraisons qui par un effet cumulatif conduira en projection à l’issue de la 4ème semaine à faire « perdre un tour dans le mois », selon le jargon professionnel, à certains bateliers. Au total l’exploitation devient déficitaire alors que les volumes sont là !

Epuisés, absolument pas convaincus par l’existence d’un danger grave ni même imminent, les navigants demandent le retour à l’alternat sans délai.