Plantes invasives et impact économique : les acteurs saisissent VNF

Les fédérations du transport, de la location et de la pêche représentées respectivement par E2F, la FIN et le CONAPPED viennent de saisir VNF sur la question des plantes envahissantes.

Depuis plusieurs années, des plantes envahissantes perturbent de manière croissante les activités économiques sur plusieurs canaux et cours d’eau : canal de Bourgogne, canal du Nivernais, canal du Centre, canal de Roanne à Digoin, canal latéral à la Loire, Somme, Aisne, canal de Saint-Quentin, canal de la Garonne, canal de l’Ourcq, Canal du Midi, canal de la Marne au Rhin, Loire aval, …

C’est tout un pan de l’économie fluviale touristique et de marchandises qui se trouve impactée par cette situation, ainsi que les activités de plaisance, de loisir et de pêche professionnelle.

De fait, il devient de plus en plus difficile pour les opérateurs de fret de garantir à la fois des délais de livraison fiables mais aussi une capacité d’emport appropriée, avec de lourdes conséquences à la clé pour la navigation, les entreprises et les territoires : blocage des ouvrages (portes d’écluses entre autres), baisse de la performance (vitesse réduite), surchauffe voire casse des moteurs, augmentation des émissions des bateaux.

Côté tourisme, la viabilité des programmes des croisiéristes, des péniches hôtels et des loueurs de bateaux habitables sans permis est remise en cause. Au-delà de l’insatisfaction des clients, relayée par un bouche-à-oreille négatif, les problèmes d’exploitation sont importants comme pour le fret et génèrent de nombreuses interventions coûteuses. Après une saison 2019 impactée par la sécheresse (restrictions de navigation dès la fin juillet 2019 puis fermeture de canaux début août), la baisse du niveau d’eau ainsi que la prolifération des algues nuisent fortement à la saison 2020, déjà tronquée du fait de la crise sanitaire.

Le maintien de l’activité est aujourd’hui en péril sur certaines voies d’eau, avec le risque de voir certaines entreprises quitter ces secteurs.

Ce phénomène d’herbes et algues invasives est récurrent et progressif. La situation ne peut perdurer en l’état sous peine de mettre à mal tout un volet de la filière fluviale et l’économie attenante pour les territoires traversés.

Ce phénomène est également lié -nous en sommes conscients- à un dysfonctionnement plus global d’hydrologie, à des excès d’azote et de phosphore dans l’eau et à des problèmes d’envasement des canaux.

Ces difficultés ont été maintes fois remontées par les professionnels, tout dernièrement au conseil d’administration de Voies navigables de France le 1er juillet 2020, mais également auprès des DT Nord-est, Rhône-Saône et Seine entre mars et juin 2020, car le ralentissement de l’activité a semble-t-il amplifié le phénomène.

À notre sens, des actions doivent être envisagées à trois niveaux :

  1. Résoudre les problèmes hydrologiques, par un plan de remise en état des réservoirs et des flux d’irrigation: nécessaire implication de VNF, des agences de l’eau, des préfectures, des territoires traversés et des représentants agricoles, que nous mettons en copie de la présente lettre. VNF ne peut et ne doit pas seul assurer ce besoin qui devient impératif pour la profession : une gestion commune et transversale de la ressource en eau est pour nous la seule solution.
  2. Accentuer la recherche et développer des expérimentations pour apporter des réponses efficientes au problème de la prolifération des végétaux aquatiques et des algues de manière préventive, tout en préservant les écosystèmes ;
  3. Impliquer les usagers, dans un observatoire des proliférations, pour aider Voies navigables de France à localiser et traiter au plus-tôt, les points identifiés, et être le plus réactif possible.

Au-delà de la mobilisation de l’Établissement, dont nous avons bien constaté qu’elle était pleine et entière, nous sommes bien conscients des budgets nécessaires à un tel plan d’actions.

Nos organisations nationales sont évidemment prêtes à intervenir à vos côtés auprès des Autorités, notamment dans le cadre des négociations en cours sur les CPER et CPIER pour que ce sujet fasse l’objet d’une priorisation à la hauteur des enjeux.