JOP 2024 : L’heure des comptes

Interview de Didier Leandri, président délégué général d’E2F.

E2F : Tout le monde a les yeux rivés sur la cérémonie d’ouverture, où en est-on près de 200 jours avant le grand soir ?

Didier Leandri : La Profession fournit un travail extraordinaire, sous le pilotage du Comité d’Organisation avec un rôle pivot de nos représentations professionnelles (E2F et CPP), de la Préfecture de Région, de VNF, d’Haropa ports de Paris et de la DGITM.

Bateaux, équipages, appontements, organisation de la parade… : toutes les pièces du plus grand puzzle médiatique et de l’événement le plus inédit qui puisse s’imaginer se mettent en place progressivement et conformément au planning.

Rigueur et détermination sont les maîtres mots de ce projet hors norme.

Hormis la cérémonie, le schéma de détail des JOP commence à se préciser, quelles contraintes pour le transport fluvial ?

La navigation sera finalement arrêtée sur la Seine environ 7 jours avant la cérémonie. Telles sont les annonces récentes du Préfet de Région. Cet arrêt débutera par le travail de déminage des bateaux et du parcours par la préfecture de Police ainsi que l’installation des éléments provisoires par Paris 2024 sur la Seine. Il a été décidé d’effectuer ces deux activités en parallèle, et non successivement comme initialement prévu, afin de réduire la durée d’arrêt de la navigation.

Le travail est en cours afin de déterminer selon quelles modalités la navigation pourra être rouverte dès le 27 juillet en fin de matinée et préserver ainsi le week-end adossé à la Cérémonie.

S’ajoutent à cela des interruptions de naviguer pour les épreuves soit 10 interruptions en matinée  auxquels ajouter 9 jours optionnels de contingence, réservés au cas où le COJO se trouverait contraint de décaler l’organisation d’une épreuve, à cause par exemple du non-respect des normes de qualité de l’eau.

Quelle est la réaction de la Profession à ces annonces ?

C’est sans nul doute l’annonce de la fermeture totale du bief parisien pendant près de 8 jours avant la cérémonie d’ouverture des JOP 2024 qui a le plus marqué les esprits.

Cette annonce a fait prendre conscience aux acteurs du transport fluvial d’une réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas, aux conséquences lourdes en termes d’exploitation comme en termes commerciaux.

L’ordre de grandeur peut être évalué à près de 600 passages de bateaux de fret pour un tonnage estimé de 300 000 tonnes environ, soit l’équivalent de 15 000 camions, qui ne pourront pas passer le bief la semaine qui précède la cérémonie d’ouverture. C’est vertigineux.

Le tourisme fluvial dont c’est le pic de fréquentation devra également se passer de clients.

Comment s’organiser pour faire face à ces contraintes ?

Cette annonce conduit les acteurs des principales filières concernées dans le fret -céréales, BTP, conteneurs- et dans le tourisme -croisières avec hébergement, promenade, privatisation, des filières stratégiques quel qu’en soit le niveau, à devoir travailler dans un premier temps sur un diagnostic assorti de scénarios, dans un deuxième temps sur un plan de sauvegarde de leur activité, et dans un troisième sur un pilotage opérationnel coordonné, tant les contraintes logistiques sont hors norme.

Nous souhaitons que ces différentes étapes fassent l’objet d’une gouvernance de projet pilotée par les filières directement concernées en intégrant le moment venu mais le plus en amont possible les représentants professionnels du secteur fluvial ainsi que les opérateurs publics, en lien étroit avec la Préfecture de Région.

Y-a-t-il quelque-chose de « négociable » dans tout cela ?

Le dialogue est constant mais les contraintes d’organisation, de sécurité et de sûreté priment tout le reste.

Nous fonctionnons par itération avec les Pouvoirs Publics, le schéma a beaucoup évolué et il évoluera encore beaucoup.

D’ores et déjà nous sollicitons la possibilité d’autoriser dans des conditions à définir le passage de certains bateaux de nuit pendant les 8 jours précédents la cérémonie d’ouverture ainsi que la couverture des surcoûts et préjudices potentiels engendrés par ces mesures de restrictions.

Notre attention va également au secteur de la croisière car à ce jour nous ne savons pas si l’exploitation sera possible sur les différentes escales parisiennes.

Les JOP sont une fête, à laquelle le transport fluvial prend une part active voire essentielle avec la cérémonie d’ouverture. Les Jeux ne doivent pas devenir une entrave à l’économie de nos filières. Nous sommes là pour y veiller.