Ce que l’on sait sur le Grand port Lyon-Marseille

Dans une interview à La Provence le 10 décembre dernier, Emmanuel Macron affirmait qu’il fallait un « grand port qui aille de Marseille à Lyon ».

Quelques heures plus tard, le maire de Lyon Grégory Doucet annonçait son soutien à ce projet sur Twitter, alors qu’il s’était rendu à Marseille en novembre dernier. Pour l’heure cependant, ce projet d’un Grand port partagé entre les deux métropoles reste flou.

Un moyen de fluidifier les modes de transports sur le Rhône

L’objectif premier du grand port est « d’être cohérent avec une logique d’axe : avoir des prix compétitifs, avec une offre de service souple et adaptée », décrit Mathieu Gleizes, délégué général de Medlink Ports. Parmi les maîtres-mots, on retrouve la notion d’hinterland, l’arrière-pays. « Le vrai sujet est d’avoir des hinterlands français bien connectés et actifs. Quand on parle de commerce maritime, on ne peut pas ne pas regarder ce qu’il se passe en arrière-boutique », ajoute Mathieu Gleizes. En somme, favoriser le transport d’une marchandise d’un point A à un point B, en ayant des modes de transports qui se complètent entre route, maritime-fluvial et ferroviaire.

« Nous devons améliorer notre agilité économique avec une interface très facile qui passera par la digitalisation », affirme Alain Mistre, président de l’Union maritime et fluviale Marseille-Fos (UMF).  

« Il va sans doute falloir investir dans les infrastructures et avoir davantage de fréquences sur les fleuves. En parallèle il faudra développer encore plus l’offre globale de services de l’axe Méditerranée Rhône-Saône », décrit le délégué général de Medlink Ports. L’idée est que les donneurs d’ordres sélectionnent l’axe Rhône avec des prix moins élevés qu’actuellement.

Selon Medlink Ports, une meilleure coordination entre les acteurs de l’axe permettrait de quadrupler le nombre de containers en transit sur le Rhône, de 80 000 aujourd’hui à 320 000 demain.

Il ne ressemblera pas au modèle du Havre-Rouen-Paris

Dans son interview, Emmanuel Macron a évoqué l’exemple d’Haropa, la fusion des trois ports entre Le Havre, Rouen et Paris. « Il faut qu’on fasse sur Marseille-Lyon ce qu’on a fait sur Le Havre-Paris avec Haropa », a expliqué le président.

« La gouvernance devrait être différente d’Haropa », explique Mathieu Gleizes. « Quand on a un projet avec un territoire et une géographie, on adapte ce projet. Le modèle de fusionner les ports n’est pas le plus adapté pour le Rhône. On s’achemine soit vers la création d’une nouvelle société, soit le développement de notre association, qui regroupe déjà tous les acteurs et les partenaires du secteur », ajoute le délégué général de Medlink Ports. 

Un constat partagé par l’Union maritime et fluviale Marseille-Fos (UMF). « Dans l’axe Paris Le Havre, très peu de structures possèdent le terrain. Ici, il y a tellement d’acteurs qu’il faudra inventer un modèle propre ».

Pour trancher, la Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM), liée au ministère de l’Écologie, devrait faire des études pendant deux ans à compter de début 2023 sur l’organisation à adopter.

Un projet déjà évoqué en septembre 2021 par Emmanuel Macron

Comme de nombreux projets d’infrastructures, l’idée d’un Grand port reliant Marseille à Lyon n’est pas nouvelle. En septembre 2021, le président lui-même évoquait cette idée lors de son déplacement à Marseille.

Selon Mathieu Gleizes, cette déclaration a été le point de départ du projet : « Les acteurs de l’axe Méditerranée ont considéré qu’il y avait déjà Medlink Ports. Depuis l’année dernière, le préfet de bassin Pascal Mailhos accompagné du Délégué général au développement de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône Julien Durand portent ensemble le projet »

Une réunion officielle reportée en janvier

Lundi 12 décembre, une réunion officielle aurait dû réunir les acteurs : Chambres de commerce et d’industrie (CCI), ports, préfets de Région, Entreprises fluviales de France… Un événement finalement reporté en janvier, pour intervenir après la visite d’Emmanuel Macron prévue à Marseille.

« Durant cette réunion, nous allons déterminer la feuille de route pour pouvoir nous accorder sur la gouvernance, la décarbonation, les barges du futur, le report modal, les formalités douanières, la digitalisation et le foncier », indique Alain Mistre, de l’Union maritime et fluviale Marseille-Fos.

Les acteurs espèrent la fin du projet d’ici 2025

Les choses semblent s’accélérer pour le projet, du moins en coulisses. « Tous les sujets présentés se font dans un temps plus court. Douanes, acteurs économiques et acteurs portuaires sont sur la même longueur d’onde, c’est plutôt une bonne chose », estime Mathieu Gleizes.

« C’est assez excitant, c’est un beau projet », ajoute Alain Mistre. « C’est satisfaisant de voir l’engouement des entreprises et des institutions, que tout le monde veut y arriver. Ce projet reste très faisable », décrit le président de l’UMF. 

« Nous espérons deux à trois ans avant la mise en place de l’axe. On attend maintenant un rétroplanning un peu plus précis de la réunion de janvier », conclut Alain Mistre.