Programme d’actions de l’État pour le fret et la logistique en Ile-de-France

Avec 10 % de création du PIB français, la filière du fret et de la logistique en France est stratégique pour l’économie nationale, l’emploi et le développement des territoires. 5ème recruteur en France, la filière compte 1,8 million d’emplois. Elle constitue un débouché attractif pour tous les profils. La position géographique mais aussi son dynamisme économique font de la région Île-de-France un territoire logistique stratégique pour la France, notamment dans ses connexions avec les ports de l’axe Seine et les autres pôles économiques.

La DRIEAT et le Conseil régional d’Île-de-France ont organisé le 20 décembre dernier la première conférence régionale de la logistique, en présence de Marc Guillaume, préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris et de Stéphane Beaudet, vice-président chargé des transports et des mobilités durables de la Région Île-de-France, ainsi que les acteurs publics et privés du fret et de la logistique. A cette occasion le programme d’actions de l’État pour le fret et la logistique en Ile-de-France a été rendu public.

Les particularités du territoire francilien, vecteur de développement de la logistique en Île-de-France

Au regard de l’importance de son marché et de sa situation géographique, l’Île-de-France a vocation à jouer un rôle d’avant-garde et d’entraînement dans les mutations en cours.

L’Île-de-France constitue un territoire logistique stratégique, situé au carrefour des flux de marchandises nationaux et internationaux et moteur pour la compétitivité nationale. D’une part, la logistique francilienne doit permettre l’approvisionnement de la première région française en nombre d’habitants et en termes économiques ; région qui compte en son sein la première métropole européenne. D’autre part, l’Île-de-France se trouve au cœur des échanges européens et internationaux et au croisement de plusieurs grands axes de transport de marchandises nationaux. Elle représentait en 2019 la première région exportatrice (20,4 % des exportations françaises) et importatrice (26,4 % des importations françaises) de biens en France.

En plus d’une position géographique privilégiée en Europe, la région dispose de nombreux atouts pour développer la compétitivité du fret et de la logistique : premier bassin d’emplois de France, réseau de start-ups aux premiers rangs mondiaux, pôles logistiques majeurs à l’échelle nationale comme européenne, tissu d’entreprises de transport le plus dense de France, réseau d’infrastructures exceptionnellement dense et complet, connecté aux principaux pôles économiques nationaux, ouvert sur l’Europe et le monde grâce à ses aéroports (principalement Roissy Charles de Gaulle) et aux ports de l’axe Seine, qui donnent un accès aisé à la façade maritime Manche-Atlantique-Mer du Nord.

Des spécificités territoriales à exploiter pour permettre la transition vers une logistique compétitive et durable

L’amélioration de la compétitivité de la logistique francilienne à l’international passe par l’exploitation de ces atouts. Pour ce faire, les chaînes logistiques se doivent d’être mieux insérées localement mais aussi mieux adaptées aux spécificités territoriales (zones denses, territoires péri-urbains et ruraux).

La logistique francilienne n’a pas d’alternative au pari de l’intermodalité. Elle peut tirer parti de la diversité et de l’exceptionnelle densité des infrastructures existantes, notamment en ayant davantage recours aux modes de transport massifiés fluvial et ferroviaire pour les flux de longue distance.

L’efficacité des chaînes logistiques franciliennes nécessite aussi de s’intéresser à la logistique des « premier et dernier kilomètres ». La desserte fine des zones urbaines denses et l’essor d’une logistique urbaine durable, constituent ainsi des défis non seulement pour la compétitivité économique régionale, mais aussi pour la qualité de vie des habitants.

Pour relever ces défis, la filière doit s’engager dans une démarche de sobriété foncière, investir dans la décarbonation du transport de marchandises, s’inscrire dans la complémentarité des modes de transport, suivant une approche pleinement intermodale et exploitant la pertinence de chaque mode, sans les opposer.

L’Île-de-France peut par ailleurs tirer avantage de grands projets structurants. Ces derniers constituent des opportunités pour soutenir la dynamique économique régionale et favoriser le développement de technologies innovantes.

Les enjeux d’une logistique maillée, propre, mieux insérée dans les territoires, économiquement et socialement performante

Du fait de sa position géographique, démographique et économique en France et en Europe, l’Île-de-France concentre un nœud logistique d’importance nationale et internationale vers lequel converge l’ensemble des modes de fret (routier, ferroviaire, fluvial, aérien, cyclo-mobilité). La demande sur le marché francilien est particulièrement dense, en B to B comme en B to C2, expliquant une activité logistique particulièrement intense sur le territoire.

Pour autant, la logistique francilienne n’exploite pas l’ensemble de son potentiel, ni suffisamment les possibilités, parfois encore méconnues, que peuvent offrir les modes de transport alternatifs et moins émissifs que la route, notamment ceux proposés par l’axe fluvial de la vallée de la Seine et les infrastructures ferroviaires. La performance des infrastructures de transport et la fiabilité de la chaîne logistique sont des conditions essentielles de la compétitivité économique et du dynamisme des territoires franciliens. La proximité avec le tissu francilien des start-ups et de l’innovation numérique constitue un vecteur potentiel de modernisation également important. Face à l’évolution des modes de consommation, à l’irruption de nouveaux services numériques, aux enjeux liés à la congestion du trafic routier dans les agglomérations, à leurs impacts sur l’environnement (qualité de l’air, bruit) et la santé, de nouvelles réponses doivent être trouvées pour répondre aux problématiques structurantes de la logistique urbaine, de sa contribution aux transitions écologique et énergétique mais aussi de sa performance économique et sociale.

Le contexte sanitaire sans précédent lié au COVID-19 a mis en évidence de nouvelles problématiques, parmi lesquelles la gestion des risques (sanitaires mais aussi économiques) dans le domaine de la logistique. Si la crise sanitaire a permis de souligner l’importance du transport de marchandises et de la logistique, elle conduit aussi les acteurs du secteur à réinterroger leur manière de penser et d’organiser leurs activités. Ainsi, les chaînes d’approvisionnement linéaires traditionnelles pourraient-elles connaître un déclin relatif au profit de réseaux d’approvisionnement multimodaux, notamment locaux et régionaux, plus réactifs et davantage en accord avec les aspirations des acteurs des territoires, au premier rang desquels les habitants.

Le programme d’actions

À partir des grands enjeux identifiés et inhérents au secteur, trois grands objectifs ont été identifiés pour y répondre. Ils se déclinent autour d’un programme composé de 16 actions, dont les trois premières organisent le pilotage des démarches et le développement d’une connaissance du secteur du fret et de la logistique.

À partir des grands enjeux identifiés et inhérents au secteur, trois grands objectifs ont été identifiés pour y répondre :

0/ Pilotage et connaissance du secteur :

Action 1 : Piloter la mise en œuvre du programme d’actions de l’État pour le fret et la logistique

Action 2 : Mettre en place un observatoire régional du fret et de la logistique

Action 3 : Assurer la mise en œuvre du volet fret et logistique du Schéma d’Aménagement Fluvial de la Seine

1/ Développer une logistique maillée, innovante et multimodale en Île-de-France :

Action 4 : Promouvoir la logistique intermodale auprès des acteurs publics et accompagner les acteurs (élus, aménageurs, acteurs économiques) pour susciter des initiatives
innovantes et vertueuses d’une logistique maillée sur le territoire francilien

Action 5 : Financer la modernisation et le développement des infrastructures fluviales, ferroviaires et portuaires, ainsi que d’un réseau maillé de terminaux

Action 6 : Moderniser et développer le maillage des terminaux de transports combinés en Île-de-France

Action 7 : Accompagner la transition écologique de l’activité fret du MIN de RUNGIS

Action 8 : Sécuriser et préserver le foncier logistique et les infrastructures de fret multimodal

2/ Réduire l’impact environnemental de la chaîne logistique :

Action 9 : Étudier le foncier de l’État disponible pour permettre le développement de stations services multi-énergies propres, de parkings poids-lourds ou d’espaces
de logistique

Action 10 : Accompagner le développement de l’activité logistique francilienne en promouvant la transition écologique, la sobriété foncière et la gestion
économe des sols

Action 11 : Développer la cyclo-logistique, mode émergent de la logistique urbaine, suivant une trajectoire économiquement et socialement vertueuse

Action 12 : Favoriser la transition écologique du transport de marchandises

3/ Améliorer l’efficacité économique et sociale de la logistique francilienne :

Action 13 : Création d’un Groupement d’Employeurs pour l’insertion et la Qualification (GEIQ) dans le domaine du transport routier de marchandises

Action 14 : Poursuivre les contrôles de la réglementation auprès des transporteurs routiers et des opérateurs de véhicules utilitaires légers pour une concurrence équilibrée


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