Déconfinement : les conditions d’une reprise réussie pour le secteur de la navigation intérieure

Les activités de tourisme fluvial ont cessé leur activité commerciale le 14 mars 2020, les activités de fret se sont poursuivies mais avec des volumes de marchandises en baisse marquée au global mais avec de grandes disparités selon les bassins, segments de marchés et types d’entreprises.

L’impact économique pour la filière, composée en presque totalité de PME/TPE, est considérable et les acteurs économiques souhaitent reprendre au plus tôt leur activité dans un cadre économique et sanitaire sécurisé.

La réouverture de l’activité de tourisme et la relance du fret n’ont de sens, notamment au plan économique, que si les conditions d’appui nécessaires sont mises en œuvre parallèlement.

La survie économique de la filière est en jeu.

        Un cadre sanitaire sécurisé

Les entreprises souhaitent pouvoir garantir à leurs personnels ainsi qu’à leurs clients que des mesures de prévention de l’épidémie suffisantes sont mises en œuvre.

Ces mesures relèvent d’une organisation du travail revue, d’adaptations ergonomiques (accueil, circulation à bord, distanciation), de la mise en place de mesures strictes d’hygiène (notamment le nettoyage), de la dotation d’équipements de protection individuelle, d’information (panneautage, information sonore pour le tourisme), le tout formalisé dans les procédures de l’entreprise (DUERP).

L’accès à la fourniture de gants et de gel hydroalcoolique dans un premier temps et de masques dans un second temps constituent des prérequis.

La profession envisage pour appuyer ses entreprises :

  • d’élaborer un label de sécurité sanitaire professionnel et la désignation dans l’entreprise d’un référent prévention Covid-19, en complément du Guide de bonnes pratiques déjà élaboré par E2F ;
  • d’animer le dialogue social sectoriel ;
  • de s’associer à toute démarche en cours et à venir de sourcing d’EPI.

Plusieurs remarques importantes sur le plan sanitaire :

  • Nos personnels ont reçu des formations obligatoires notamment en matière de sécurité et de secours ;
  • La navigation fluviale est une navigation de courte voire de très courte durée, permettant le débarquement très rapide ;
  • Sans préjudice des obligations sanitaires générales, la profession ne souhaite pas que des mesures obligatoires lourdes soient imposées par la puissance publique pour contrôler l’accès à bord des bateaux (notamment la prise de température).
    Un cadre économique sécurisé

En l’absence à ce jour d’une date et de conditions de reprises connues avec certitude, c’est à notre sens la totalité de la saison touristique haute (de mars à septembre) qui est aujourd’hui à passer par pertes et profits et donc le résultat de l’exercice comptable 2020, avec une reprise lente les années suivantes qui impactera durablement l’économie du secteur.

Pour le fret, le retour à la normale dépend essentiellement de la demande clients, du niveau de service des différents maillons de la filière (gestionnaires d’infrastructures, ports, manutentionnaires, etc.) et de la stabilité sociale.

Dans les deux secteurs, la valeur perdue depuis le début de la crise, laquelle s’ajoute aux conséquences des grèves de fin d’année 2019 et de la crise des gilets jaunes la saison précédente, ne sera pas rattrapée.

La période de redémarrage doit être accompagnée par les Pouvoirs Publics sur le plan économique et relayée sur le moyen et long terme dans le cadre d’un plan de relance, car les entreprises n’ont plus de trésorerie et doivent reconquérir leurs marchés dans un contexte de concurrence qui a toutes les chances d’être exacerbée.

La mesure d’activité partielle et celle de l’étalement des crédits, bien que déterminantes, déjà insuffisantes à pallier les effets d’une absence ou d’une baisse drastique de chiffre d’affaires, doivent être reconduites durant les premiers mois de reprise pour compenser la faiblesse des recettes, éviter des cessations d’activité, relancer l’investissement (qui a toutes les chances d’être durablement stoppé) et si possible permettre le rebond.

Nous considérons que ces mesures doivent non seulement être reconduites (notamment le chômage partiel) mais amplifiées par des allégements et suppressions de charges complémentaires (charges sociales, redevances d’occupation temporaire du domaine public fluvial), ainsi que par un cadre administratif assoupli (permis, titres de navigation, échéances contractuelles), fiscal et financier repensé.

L’occasion pour nos entreprises de revoir leurs modèles et pour les Pouvoirs Publics d’opérer des choix clairs, de souveraineté, d’écologie.

Le transport fluvial peut voir sa place confortée au sein des filières logistique et tourisme ou au contraire décliner davantage, pas d’entre deux possible.