Charte d’engagement des acteurs des chaînes logistiques françaises

Les acteurs français du transport et de la logistique se sont engagés le 7 octobre, par la signature d’une charte, à privilégier le passage des marchandises par les ports français. Annick Girardin, ministre de la Mer, et Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, veulent y voir « une opportunité pour rediriger durablement les flux logistiques d’exportation et d’importation vers les principaux axes portuaires français tout en favorisant l’intermodalité et les transports massifiés ». E2F est signataire de cette charte.

Contribuer à la relance économique

« À travers la signature de cette charte d’engagement, l’ensemble des acteurs des chaînes logistiques et des filières maritime, portuaire, fluviale et ferroviaire françaises ont salué la capacité d’adaptation et la réactivité des places portuaires françaises au cours de la pandémie », a souligné le gouvernement. « Forts de ce constat et conscients de l’impératif de solidarité nationale, les signataires de la charte ont décidé de soutenir activement ces filières », ont ajouté les deux ministères.

Les acteurs de la logistique entendent ainsi « privilégier le passage des marchandises par les ports français », « garantir un niveau d’excellence opérationnelle » et « renforcer la compétitivité des ports par la volonté de privilégier systématiquement le dialogue social pour assurer un climat apaisé ».

Comme la plupart des plans de relance annoncés ces derniers mois, ce programme à vocation économique est teinté de vert. Ainsi, ce soutien au ports hexagonaux doit s’exercer « en encourageant le recours aux modes massifiés » s’agissant des pré et post-acheminements : le ferroviaire et le fluvial. Mais il ne perd pas de vue les impératifs commerciaux de ses signataires, puisqu’il prévoit la « mise en place d’un outil d’évaluation de la performance portuaire ». La charte engage aussi ses signataires à « contribuer à la relance de l’activité économique de la France en consolidant l’attractivité des ports français ».

Engagements

1/Les acteurs de l’écosystème portuaire sont déterminés à permettre un passage fluide et compétitif des marchandises , à l’instar des engagements de fiabilité sociale pris entre les partenaires sociaux pour associer les ouvriers-dockers à cette relance des ports français ;

2/ Les armateurs, agents maritimes, commissionnaires , logisticiens et chargeurs sont favorables à la relance et au développement de ports français permettant d’assurer le transport fiable et compétitif des marchandises pour leurs clients. Ils s’engagent donc,en tant que donneurs d’ordre, à privilégier le passage des marchandises par les ports français , et ce, en encourageant le recours aux modes massifiés. D’autre part, ils s’engagent à aider au développement des filières stratégiques maritime, fluviale et ferroviaire françaises dans toutes ses composantes (transports de marchandises et de passagers, services) pour qu’elles soient à même de répondre aux demandes des donneurs d’ordre en toute situation,et d’intégrer leurs acteurs dans la chaine logistique d’excellence française et les accompagner dans leurs démarches de modernisation et de transition énergétique, indispensables au développement de ces filières stratégiques ;

3/ Les acteurs des chaines logistiques et des filières maritime, portuaire, fluviale et ferroviaire françaises s’engagent à répondre à ces trafics, dans un souci permanent d’excellence opérationnelle et de compétitivité et à mettre en place un outil de transparence sur leurs performances ;

4/ Cette charte constitue un des leviers de relance de l’activité économique de la France. Elle est un premier jalon de l’effort de relance de l’attractivité et de la compétitivité des ports français.

Un comité de pilotage de cette charte, placé sous l’égide du Comité France maritime, et associant tous les signataires, vérifiera régulièrement le respect des engagements, son impact sur l’activité des ports français et des filières maritime et fluviale françaises. Il pourra saisir le gouvernement de propositions d’améliorations pour en renforcer l’efficacité et l’attractivité économique et logistique.

En attendant une stratégie portuaire

Les professionnels attendent tous la concrétisation de la révision de la stratégie portuaire promise lors du Comité interministériel de la mer (CIMer) de novembre 2018. La dernière feuille de route remonte à 2013 pour les Grands ports maritimes (GPM) métropolitains et à 2016 pour les ports ultramarins.

« L’absence de stratégie favorise la concurrence entre ports français sur certains types de trafics et empêche de coordonner les activités portuaires et logistiques des différentes façades autour d’objectifs communs », indiquait un nouveau rapport publiée en juillet dernier sur la compétitivité des ports français, à l’initiative de la mission sénatoriale sur la gouvernance et la performance des ports maritimes français.

Dans cette charge contre « l’inertie des gouvernements successifs », les sénateurs pointaient à nouveau tous les maux dont souffrent les ports français « en réforme depuis trente ans » alors que pendant ce temps, ses homologues du range européen gagnait du terrain…en France : Rotterdam dessert aujourd’hui l’Est de la France via le Rhin et la Moselle. Anvers dessert le Nord et l’Est de la France via le Rhin et l’Île-de-France. Barcelone concurrence Marseille pour la desserte de l’Occitanie et de la région Rhône-Alpes. Résultat, le trafic des Grands ports maritimes français (GPM), avec Calais, avoisine les 312 Mt quand le seul port néerlandais de Rotterdam affiche les 470 Mt et Anvers, 238 Mt tandis que la part de marché des ports français sur le segment des conteneurs ne cesse de se dégrader.

Sous-investissement chronique

Pour les représentants parlementaires, le sous-investissement chronique dans les ports est comptable de cette situation. Ils restent les parents pauvres des infrastructures de transport avec seulement 3 % de l’enveloppe totale de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).

Pour « réarmer les ports de façon à les replacer au cœur de la compétitivité internationale », la mission sénatoriale demandait notamment la mise en œuvre d’un plan de relance portuaire de 150 M€ par an sur 5 ans et un doublement des moyens consacrés par la LOM au report modal vers les transports massifiés, pour les porter à 5 Md€ sur 10 ans.

Annick Girardin a donné rendez-vous « pour travailler ensemble dans une période exigeante où la simplification, la fluidité des marchandises, la transition écologique, la digitalisation ne seront pas que de mots ou des concepts lointains, mais la clé d’une nouvelle France portuaire ». Quant à Jean-Baptiste Djebbari, il souhaite que « cette charte d’engagement constitue la première étape concrète d’une nouvelle stratégie en faveur de l’attractivité et de la compétitivité des ports français au service de notre économie et de l’emploi en France ».


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– Charte d’engagement des acteurs des chaînes logistiques françaises.