Canal du Midi : « Notre développement et notre rentabilité sont freinés »

L’union des péniches du canal du Midi (UPCM) alerte sur les conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles les très petites entreprises de tourisme fluvial exercent leurs activités sur cette voie d’eau historique et classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

L’union des péniches du canal du Midi a tenu son assemblée générale en novembre 2022 et, à cette occasion, par la voix de son président Jacques Ribo, alerte sur les conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles les très petites entreprises (TPE) de tourisme fluvial exercent leurs activités sur cette voie d’eau historique et classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Parmi les difficultés listées par l’UPCM : « les taxes de navigation et de stationnement dont les augmentations permanentes grèvent le prix du billet », des recrutements d’équipage rendus compliqués « avec le rallongement des temps d’apprentissage qui dissuadent les jeunes de passer le permis de navigation ».

Pour Jacques Ribo : « Naviguer est notre cœur de métier et il en train de disparaître. Naviguer n’est pas un métier simple et on le rend encore plus difficile avec les évolutions concernant les permis. Il y a aussi les changements constants des normes pour les bateaux qui obligent à des investissements que les TPE comme les nôtres peuvent difficilement amortir. Les règles européennes ne sont pas adaptées à des canaux comme celui du Midi ».

Un sentiment d’abandon

Au cours des deux dernières années, l’UPCM relève la disparition de près de 3 bateaux sur la quinzaine de péniches recensées, soit 20 % du total. « Lors de départ en retraite, les unités ne sont pas reprises pour une activité liée à la navigation, précise Jacques Ribo. Elles sont transformées en habitation ou en gîte à quai. Nous regrettons cette situation et nous constatons que nous ne sommes ni soutenus ni entendus. Ce sont pourtant des TPE qui disparaissent et les emplois avec ».

L’UPCM met aussi en avant des conditions de navigation de plus en plus difficiles sur le canal du Midi. « VNF n’a pas assez de budget pour assurer tout l’entretien nécessaire », dit Jacques Ribo.

Malgré tout, la saison 2022 a permis aux entreprises de tourisme fluvial du canal du Midi d’effectuer les contrats, le beau temps étant au rendez-vous tout comme les passagers. L’association estime : « 2022 a encore bénéficié de reports de réservation des deux ans de pandémie » mais « il faudra près de 5 ans pour effacer toutes les pertes ».

La sécheresse n’a eu que peu d’incidence sur le canal du Midi, des travaux pour des réservoirs ayant été réalisés par le passé. Pour Jacques Ribo : « Nous avons eu moins de souci en 2022 qu’en 2021. Il faut toutefois être attentif à ce qui va se passer cet hiver pour remplir les réservoirs jusqu’en mars 2023 ».

Le canal est classé au patrimoine mondial de l’Unesco et doit respecter les conditions de ce label. L’UPCM a du mal à accepter l’avis d’une inspection ministérielle au titre des sites classés et des monuments historiques qui rend un avis défavorable à l’étude en phase de diagnostic mené par VNF sur la création de nouvelles aires de virement. L’inspection préconise même « de ne pas poursuivre le projet (…) et d’engager une politique d’effacement progressif des aires existantes ».

Les aires de virement permettent aux bateaux au gabarit du canal (30 m de long) de faire demi-tour. Lors de la commission locale des usagers d’octobre 2022, VNF a indiqué qu’il allait « répondre à cet avis et au rapport d’inspection afin de revenir sur plusieurs erreurs ou incompréhensions manifestes ». Rien n’est donc encore figé dans le marbre mais l’UPCM entend rester vigilante.

« Sans les aires de virement, il faudrait des journées entières de navigation pour simplement repartir dans l’autre sens. Nous sommes déjà freinés dans notre développement et notre rentabilité, nous le serions encore davantage. On fait comme on peut, on a l’impression d’être abandonné, explique Jacques Ribo. Des TPE existent encore sur le canal du Midi avec des bateaux patrimoniaux qu’il faut conserver, ne pas laisser uniquement la place à des bateaux de location standards. Surtout quand on parle marque, esthétisme. Nous nous battons pour ne pas disparaître car si tout disparaît, relancer sera impossible ». Il cite, à ce propos, la disparition de tout trafic de fret fluvial sur le canal du Midi depuis plusieurs décennies.

Source : NPI.