Modalités de calcul du droit de navigation : il faut trouver une solution simple et juste pour tous !

Cyrille Zeller, l’un des deux fondateurs et gérants des Péniches de Paris, évoque les nouvelles modalités de calcul du droit de navigation, mises en place en 2022 par VNF et qui ne correspondent pas à la réalité des activités de tous les opérateurs.

« Depuis mi-mars 2022, l’activité est fortement repartie. Les réservations sont à un niveau normal voire un peu plus que d’habitude. Mais nous rencontrons des difficultés pour faire confirmer formellement les événements par les clients avec le versement d’acompte. On sent de l’appétence chez les clients mais aussi beaucoup de fébrilité, l’incertitude est encore là avec toujours le Covid latent et la guerre en Ukraine », détaille Cyrille Zeller.

Cette compagnie organise sur la Seine à Paris des croisières événementielles pour les particuliers et les entreprises. Trois bateaux en propriété sont proposés, la Sans Souci (100 personnes), l’Albatros (50), le Carnot (120 à 130), tandis que deux autres peuvent être affrétés (jusqu’à 300 passagers). L’activité a lieu tout au long de l’année avec des périodes « creuses » de janvier à mars et est fermée en août. Elle se répartit de manière équilibrée entre les deux types de clientèle, à 100 % francilienne.

Après une année 2020 très difficile, l’activité en 2021 avait plutôt bien repris à l’été avant de subir un « nouveau couperet début décembre » à cause d’une nouvelle résurgence de l’épidémie de Covid-19. « Le gouvernement a demandé aux entreprises de limiter fortement les moments de convivialité, c’était formulé de cette manière-là. Alors que nous avions un beau carnet de commandes, nous avons enregistré des annulations des réservations des fêtes de fin d’année qui avaient été prévues par les entreprises. Il y a eu de l’incompréhension de la part de nos clients auxquels nous avons facturé des frais d’annulation alors que pour eux, ils appliquaient une consigne du gouvernement. Le contexte commercial a été plutôt tendu avec nos clients », se rappelle Cyrille Zeller.

Les activités n’ont en effet pas fait l’objet d’une fermeture administrative et ne bénéficiaient donc pas des mêmes soutiens que lors des arrêts liés au Covid les fois précédentes.

Contexte inflationniste

Les Péniches de Paris travaillent avec des sous-traitants notamment pour l’animation, la décoration, la restauration. « Nous vivons un contexte inflationniste avec des hausses comprises entre +15 et +35 % chez nos fournisseurs traiteurs pour l’alimentaire et le personnel de service pour lequel il existe des difficultés de recrutement. Il y a aussi une augmentation du coût du carburant même si ce n’est pas le poste le plus élevé pour nos activités. Nous parvenons à répercuter en douceur une partie des hausses auprès de nos clients ».

Cyrille Zeller relève une autre augmentation des coûts avec les nouvelles modalités de calcul du droit de navigation (ou « vignette ») par Voies navigables de France (VNF) pour l’année 2022. « L’établissement nous a bien accompagné en 2020 et 2021 lors du Covid mais là, nous déchantons. Avec notre activité événementielle, nous naviguons assez peu, environ 110 croisières par an. Or VNF a supprimé le forfait au réel qui nous permettait de déclarer nos jours de navigation et d’être facturé au plus juste. Nous devons désormais choisir entre des formules qui ne correspondent pas à nos activités et nous conduisent à une redevance très élevée à régler. Nous essayons de faire entendre à VNF que les nouvelles règles ne correspondent pas à la réalité des activités. Un bateau de transport de passagers qui réalise des croisières-promenade tout au long de la journée et de l’année et donc navigue beaucoup paie le même prix qu’un bateau événementiel qui navigue de manière plus occasionnelle. Les forfaits doivent être adaptés à chaque type d’activité. Il est dommage d’avoir supprimé la souplesse qu’offraient les forfaits au réel. Nous pensons qu’il y a possibilité de revoir cette situation, d’aller vers un système plus moderne, par exemple une sorte de télépéage, de parvenir à une facturation au réel de la navigation effectuée. Il faut trouver une solution simple et juste pour tous », explique le dirigeant.

Les nouvelles règles sur les qualifications des équipages, entrées en vigueur en janvier 2022, constituent un autre sujet d’inquiétude car elles durcissent les conditions d’entrée dans les métiers pour les nouveaux capitaines et matelots/hommes de pont. « Elles peuvent entraîner des difficultés de recrutement et un risque de pénurie de personnel » pour les entreprises fluviales, indique Cyrille Zeller. Sachant qu’avec la crise du Covid 19, certains profils, autres que ceux du personnel navigant, sont parfois complexes à trouver, le marché du travail est un peu tendu.

Optimisme pour l’avenir

Après l’accompagnement de Haropa vis-à-vis des compagnies de tourisme lors de la pandémie quand les activités ont été très ralenties, le responsable souligne l’engagement et la mobilisation de l’établissement portuaire pour la transition énergétique de la filière fluviale avec l’arrivée progressive de bornes électriques sur les quais et les escales, le soutien à la transformation des bateaux dans un but écologique.

D’ailleurs, la compagnie « est bien engagée » dans un projet précis de « verdissement » de l’un de ses bateaux. « Il y a une volonté de l’ensemble des opérateurs fluviaux pour verdir notre mode de transport. Nous savons aussi que la pression est là, des clients et des riverains, pour prendre ce chemin et va aller sans doute en s’accentuant. Dans le domaine spécifique de l’événementiel fluvial, il faut prendre en compte que les bateaux naviguent assez peu et nous nous heurtons à une équation économique pas évidente à trouver. Même s’il y a un potentiel de subventions auxquelles nous sommes éligibles et nous motivent, il faut trouver le bon compromis pour décider la prise de risque à la fois technique et économique », précise Cyrille Zeller. Les bateaux des Péniches de Paris n’utilisent pas encore l’électricité à quai, qui représente un enjeu important pour cette compagnie. Encore faut-il trouver les solutions adaptées pour la puissance, le raccordement, ainsi qu’une facturation cohérente.

Le gérant et fondateur des Péniches de Paris se dit « optimiste pour les activités au cours des prochaines années ». La perspective des Jeux Olympiques et Paralympique de Paris en 2024 constituent une perspective positive pour lui. « C’est une belle image à tous les points de vue. C’est enthousiasmant. Et nous avons déjà quelques demandes de clients pour des événements lors de cette période-là », relève Cyrille Zeller.

Source : NPI.