Canal de Rhône à Sète, un canal à valoriser et à découvrir

« Faire du Canal du Rhône à Sète, une destination éco-touristique majeure ». L’objectif avait fait consensus en 2020 entre tous les acteurs du territoire. Désormais, une nouvelle étape est franchie avec le lancement d’une étude pour développer l’attractivité du canal.

Le tourisme fluvial est aujourd’hui une filière à haut potentiel du tourisme français. Le canal du Midi, long de 241 km, est déjà depuis quelques années l’un des plus fréquentés de France. L’ouvrage daté du XVIIe siècle et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996, enregistre environ 10 000 passages de bateaux par an, ce qui représente environ 30 % du trafic fluvial français. Hors de l’eau, près de 800 000 personnes foulent ou roule chaque année le long de ses berges. Si des projets d’aménagement, notamment de services, sont en cours, la renommée nationale et même internationale n’est plus à prouver sur ce fameux canal du Midi, géré par Voies navigables de France. L’établissement a également en charge la gestion du canal du Rhône à Sète.

Ce canal qui relie l’étang de Thau à hauteur de Sète à Beaucaire, et le Rhône sur un peu plus de 100 km branches secondaires comprises, ne connaît pas le même engouement. Plus de 4 000 passages de bateaux de tourisme sont comptabilisés au pont levant de Frontignan chaque année. La marge de progression reste donc possible. Pour trouver le juste équilibre entre attractivité touristique et préservation de l’environnement, VNF accompagnée de ses partenaires dont l’État, la région Occitanie, les départements du Gard et de l’Héraut ont lancé une étude le 27 juin dernier.

Faire du canal du Rhône à Sète une destination éco-touristique fluviale et fluvestre

Une étude qui fait suite à la grande concertation organisée en octobre 2020, menée par le préfet François Lalanne sous l’égide de la préfecture d’Occitanie. L’avenir du canal du Rhône à Sète était alors questionné. « Nous nous rendons compte d’une baisse du trafic fluvial alors que Voies navigables de France a à sa charge des coûts de fonctionnement en forte hausse », expliquait François Lalanne. En effet, « il y a 100 000 tonnes de sédiments à évacuer pour assurer un tirant d’eau à trois mètres, et des berges qui s’érodent au fur et à mesure que nous essayons de les entretenir ». À titre d’exemple, en 2022, VNF a financé entre autres, la réparation de 100 m linéaire des berges pour un montant de 50 000 €. 

In fine, cette conférence avait abouti à un consensus territorial sur la vocation touristique de l’ouvrage dans l’objectif d’en faire une destination éco-touristique fluviale et fluvestre aussi renommée que le canal du Midi. « Nous ne partons pas de zéro », indique Jean Pernel, responsable du pôle domaine et tourisme. Citons en exemple la mise en service des deux tranches de la ViaRhôna entre Beaucaire-Bellegarde et Beaucaire-Fourques, soit un peu plus de 26 km de voie verte. Suivra la dernière partie reliant Bellegarde à Saint-Gilles sur 15,4 km. La suite vous la connaissez peut-être : il s’agit du tronçon reliant Saint-Gilles, depuis le port de Gallician jusqu’à Aigues-Mortes.

Plusieurs activités de loisirs ont également été déployées le long des berges, telle que la location de vélos ou encore de trotinettes électriques par Loca-Camargues par exemple, mais aussi sur l’eau avec la location de bateaux aux ports de Bellegarde et de Gallician. Dans ce dernier port cité, quatre « lodges boat » (Rêves d’Ô en Camargue) y sont amarrés offrant aux curieux l’opportunité d’un séjour insolite. « Il y a autour de ce canal un potentiel à développer, à structurer toujours en tenant compte des espaces naturels sensibles, insiste Jean Pernel. Mais cela doit se faire en concertation et en partenariat avec les collectivités pour qu’il y ait une offre de services cohérente entre les territoires. » Et cela en actionnant un levier financier important : le Plan Littoral 21.

Ainsi six ateliers participatifs seront menés d’ici septembre 2024 afin d’élaborer un diagnostic touristique. Ce dernier devrait être présenté à la rentrée 2023. Puis il s’agira entre autres de définir les axes stratégiques de développement. « Il faut que tous les acteurs des territoires travaillent ensemble, martèle Carole Colenson, responsable du service tourisme à la Communauté de communes de Petite Camargue, pour faire rayonner la destination Camargue. » Au cours de cette étude un panel représentatif de 500 habitants locaux, 500 touristes français, 300 autres étrangers, sera sondé sur les réseaux sociaux pour mesurer la notoriété du canal, évaluer son image et identifier les leviers potentiels pour mieux le valoriser.