A Lyon, une ligne fluviale de transport en commun pleine de promesse

Après des années d’atermoiements, un projet de navette fluviale a été lancé à Lyon. Prévue pour 2025, elle pourrait être la première d’une longue série.

Cela fait des années que des conseils de quartier de Lyon la réclame. En charge des transports en commun lyonnais, Sytral Mobilités, a lancé un projet de navette fluviale régulière sur la Saône.

Qu’est-ce qui freinait ?

Encore tout récemment, ce projet était freiné par la réglementation sur le bassin, limitant la vitesse sur l’eau à 12 km/h.

« Nous avons rencontré VNF au début du mandat, et je dois dire qu’ils nous ont ouvert grand les portes », se réjouit Jean-Charles Kohlhaas (EELV), vice-président à la Métropole de Lyon en charge des mobilités et vice-président du Sytral.

La direction territoriale VNF Rhône-Saône est allée au-delà des attentes du Sytral, selon l’élu. L’établissement public local rhodanien demandait une autorisation pour circuler à 18 km/h, or la limitation va être montée à 20 km/h.

« Les 52 km de fleuve qui parcourent le territoire de la métropole sont une réelle opportunité de compléter le maillage des transports collectifs », pour le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard (EELV).

Les détails de la ligne

La future liaison de 3,4 km :

  • Doit permettre de relier en quinze minutes les quartiers de l’Industrie, à Vaise dans le 9ème arrondissement, et le quai Saint-Antoine (Lyon 2ème arrondissement) ;
  • Quatre haltes sont envisagées pour l’instant : sur les quais Saint-Vincent, dans le premier arrondissement à proximité des Pentes de la Croix-Rousse, au sud du pont du maréchal Juin et une dernière à proximité de la darse de Confluence. Le terminus sera, lui, à Vaise ;
  • Le service se fera sur une amplitude horaire allant de 7 à 21 h, avec une fréquence de quinze minutes en heure de pointe.
Qu’en est-il des bateaux ?

Les bateaux seront capables d’accueillir de 70 à 90 personnes.

« Il y aura quatre bateaux en circulation en 2025. Ils seront probablement d’occasion, précise Jean-Charles Kohlhaas. Puis nous aurons une montée en puissance. Nous souhaitons aller jusqu’à sept bateaux neufs ».

Le budget prévisionnel de l’opération est estimé à 26 millions d’euros. Il comprend les études, l’aménagement des haltes, la remise en état et l’acquisition des bateaux.

« Il nous faudra faire des quais flottants aménagés et accessibles pour tous », poursuit l’élu. Il sera également possible d’embarquer entre cinq et dix vélos à bord, afin de favoriser la circulation en ville.

« Nous serons sur un transport qui sera moins efficace qu’un tramway, mais autant qu’un bus », souligne encore le vice-président du Sytral. Pour lui, il s’agit d’attirer autant des habitants faisant des trajets domiciles-travail que des touristes. 560 000 voyages par an sont envisagés dans un premier temps.

Des points encore à préciser

Les candidats pour exploiter la ligne doivent présenter leurs dossiers en septembre 2023. Plusieurs points restent donc encore à préciser : 

  • L’élu métropolitain estime que le bateau sera certainement un catamaran, faisant moins de vague « et avec lequel il est plus facile d’avoir de la surface » pour accueillir les passagers ;
  • Les moteurs seront probablement dans un premier temps hybride, fonctionnant à l’électricité et au diesel. Le but, à terme, est d’aller vers l’utilisation d’une énergie « décarbonée » ;
  • Concernant la tarification et la billetterie, la question n’est pas encore tranchée. Le Sytral réfléchit à un abonnement pour les accès réguliers, qui serait au prix du tarif réseau, et un autre « occasionnel » un peu plus cher. Mais clairement, c’est à mettre au conditionnel, la réflexion continue.

La majorité écologiste espère que cette première ligne en appellera d’autres. Une prolongation de la ligne au nord, comme au sud, de la Métropole de Lyon pourrait être envisagée assez rapidement.

« Cette première expérimentation concerne des secteurs qui n’ont pas de connexions avec le métro, mais plutôt avec le bus, détaille Jean-Charles Kohlhaas. A chaque fois, il faut voir si le temps de parcours est pertinent par rapport aux possibilités de transport en commun envisagées ».

En cas de succès, d’autres zones géographiques pourraient être concernées. A Lyon, il note ainsi que la Cité internationale, au nord de la ville, côté Rhône, est très mal desservie. « Si les Lyonnais et grand Lyonnais sont séduits, développer une ligne pourrait s’avérer intéressant», note-t-il.

Il faudra d’abord attendre les résultats de la première expérimentation. Les premiers voyages sont prévus pour 2025.

Source : NPI