Céréales : après une campagne record, une récolte calamiteuse

L’hiver beaucoup trop pluvieux, suivi d’un avril beaucoup trop sec, a fini de fragiliser les cultures : même si la qualité est au rendez-vous, les moissons 2020 sont en net recul. La France devrait diviser par deux ses exportations de blé en 2020-2021, et privilégier ses clients européens, selon les analyses de France Agrimer.

Les producteurs français de céréales ont récolté, lors de la moisson 2020, une production de grande qualité, mais avec des quantités en très forte baisse pour cause de sécheresse. La collecte de blé n’atteint que 27 Mt, dont 13 Mt devraient être disponibles à l’exportation au cours de la campagne 2020-2021, qui a commencé le 1er juillet dernier : 6,4 Mt vers les pays de l’Union européenne, ce qui représente une contraction de 13 % par rapport à la campagne précédente, et 6,6 Mt vers les pays tiers, soit une baisse de 51 % du grand export.

Les principaux pays producteurs de l’Union européenne sont aussi touchés par la sécheresse, et voient leur production de blé diminuer : – 12 % en Allemagne, – 25 % en France, – 27 % en Bulgarie, – 42 % en Roumanie. La Pologne et les pays baltes ont certes vu leur production augmenter, mais au total l’Union européenne n’a récolté que 113,5 Mt, soit 13 % de moins que l’an dernier. Après des exportations record à 36 Mt au cours de la campagne 2019-20, l’UE n’en exportera que 24 Mt environ pour la campagne en cours, selon les prévisions de France Agrimer.

Toutes céréales confondues, la récolte 2020 au niveau mondial atteint pourtant un plus haut historique, avec 2 230 Mt. En ce qui concerne le blé tendre, la Russie se distingue avec une production record de 81 Mt, dont 37,5 Mt seront disponibles à l’export. La campagne 2020-2021 d’exportation voit donc le grand retour de la Russie sur le marché du blé tendre : ce pays devrait retrouver sa place de premier exportateur mondial, occupée en 2019-20 par l’Union européenne.

La hiérarchie des principaux pays acheteurs restera inchangé en 2020-21 selon Marc Zribi, chef de l’unité grain et sucre de France Agrimer. Pour le blé, le principal importateur sera l’Égypte, qui devrait en acheter 12,7 Mt et se tourner massivement vers la Russie, puis l’Indonésie suivie de l’Algérie, traditionnel client de la France, qui devrait revoir à la baisse son cahier des charges pour se fournir en blé russe. Pour le maïs les premiers acheteurs seront l’Union européenne, le Japon et la Corée. Les achats d’orge seront les plus importants en Chine, en Arabie Saoudite et en Iran.

« La demande chinoise sera le point déterminant pour les exportations françaises, la France étant le seul pays d’Europe autorisé à exporter du blé sur cette destination », souligne Thierry de Boussac, directeur commercial du négoce Lecureur et membre du Syndicat national du commerce extérieur de céréales (Synacomex), qui estime à 1 à 2 Mt les quantités exportables vers ce pays. « Vers l’Algérie, la baisse sera drastique, avec seulement 1,5 à 2,5 Mt sur un total de 5 Mt importées par ce pays, prévoit-il. La demande du Maroc pour le blé français devrait atteindre 1 Mt, et celle de l’Afrique de l’Ouest 1 à 1,5 Mt ».

Source : NPI.