Avec plus de fluvial et d’énormes investissements, Kem one se décarbone massivement

Le chimiste Kem one a baptisé le 19 septembre à Fos l’un des deux automoteurs dont il s’est doté pour son trafic sur le Rhône. Ses investissements massifs en cours engendreront aussi un nouveau trafic de 250 000 tonnes de sel.

L’Alcor est à poste en darse 2 de Fos, le long de l’usine Kem one en cours de modernisation pour plus de 200 millions d’euros. Avec pour marraine Laurence Borie-Bancel, la présidente de la Compagnie nationale du Rhône, l’automoteur et son jumeau Mizar – deux étoiles de la constellation Grande Ourse – sont le cordon ombilical entre les deux usines Kem one de Fos et de Lavera, deuxième plus grand complexe de production de chlore d’Europe, et les deux usines de la région lyonnaise, à Saint-Fons et Balan.

À bord ? Du chlorure de vinyle monomère, le produit issu de la synthèse du chlore et de l’éthylène fabriqué dans les deux grandes usines de la zone industrialo-portuaire de Marseille-Fos, matière de base du PVC produit, lui, à Saint-Fons et Balan. CFT gaz, du groupe Sogestran, a obtenu le contrat d’exploitation des deux automoteurs dans lesquels Kem one, en s’engageant pour dix ans, a choisi d’investir lui-même. Commandés au chantier néerlandais Teamco shipyard qui a sous-traité les coques chez Severnav en Roumanie, les deux bateaux à propulsion hybride diesel-électrique, une première sur le Rhône, ont commencé leur ligne régulière en début d’année.

Énorme réservoir d’éthylène

Après avoir mis en service avec succès son énorme réservoir d’éthylène de 30 000 m3 à -104°C – des navires de 22 000 m3 y sont reçus régulièrement depuis février 2022 –, l’usine de Fos est maintenant engagée dans un troisième et dernier chantier de 150 millions d’euros – dont 15 millions apportés par l’État au titre du plan de relance (pour changer complètement son électrolyse de chlore). L’ingénieriste allemand CAC, sur la base de la technologie du japonais Asahi Kasei, est en train de substituer au procédé à diaphragme, glouton en énergie, une électrolyse à membranes. La mise en service est prévue fin 2024. Bilan : 30% d’énergie consommée en moins et 50% d’émissions de CO2 épargnées.

Accord en vue avec les dockers

Matière de base du chlore, le sel devra être en partie solide. L’actuelle saline Kem one de Vauvert, dans le Gard, qui approvisionne l’usine en sel liquide (saumure) par saumoduc, réduira ses apports à 250 000 tonnes par an, tandis que 250 000 tonnes de sel de mer solide viendront en complément des salines de Salin-de-Giraud, à trois heures de navigation de Fos. Dans le cadre d’un accord avec le groupe Salins, qui produit 340 000 tonnes de sel par an sur cette saline de Camargue, deux barges de 2 700 tonnes livreront l’usine deux à trois fois par semaine.

À Fos, Kem one équipera son appontement d’une grue. Les discussions sont en cours avec la CGT, d’abord furieuse d’être écartée de la manutention, pour que les dockers assurent le déchargement. En saluant « l’intégration par Kem one de la communauté portuaire à laquelle appartiennent les dockers », Christophe Mirmand, le préfet de Région Provence-Alpes-côte d’Azur, a laissé entendre lors du baptême qu’un accord était en vue.

Source : Le Marin