Pour ses livraisons dans Paris, Ikea table sur le transport fluvial

Depuis ce mercredi 14 décembre, Ikea passera par la Seine pour acheminer ses marchandises jusqu’au cœur de Paris avant de les livrer chez ses clients.

De quoi placer pour E2F, le transport fluvial au cœur d’un marché porteur révélant plus que jamais la pertinence du transport fluvial dans les chaînes logistiques à faible émission. Le fluvial avance !

Un drakkar, des Vikings… et ce slogan : « Ils sont fous ces Suédois ». Telle était l’affiche accompagnant le lancement d’Ikea en France, se remémore Emma Recco, directrice stratégie et marketing d’Ikea. Quarante ans plus tard, la campagne pub pourrait être ressortie de la bibliothèque Billy. Car Ikea vient de lancer un nouveau dispositif de livraison pour ses clients parisiens : en passant par la Seine pour arriver au cœur de la capitale.

Les commandes seront préparées depuis l’entrepôt d’Ikea au port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), avant d’être rangées dans des caisses mobiles, chargées sur un bateau qui peut en contenir jusqu’à 35. Direction ensuite le port de Bercy, au pied du ministère de l’économie que le bateau ralliera en près de 4 heures. Il passera la nuit à quai, avant que commence un autre ballet, dès 6 heures le lendemain. « Douze camions, tous électriques, se relaieront pour charger les caissons et assurer les derniers kilomètres de livraison, dans la capitale », détaille Gautier Gindre, directeur d’exploitation fluviale à Box 2 Home, partenaire d’Ikea pour ces livraisons, avec CFT comme armateur.

Franprix avant Ikea

En milieu de journée, le bateau regagnera le port de Gennevilliers et ainsi de suite, le tout sept jours sur sept. Ikea entend ainsi livrer 455 clients quotidiennement et s’éviter 320 000 km par an, par la route, précise Emma Recco.

Ikea n’est pas le premier à choisir la Seine pour convoyer ses marchandises jusqu’au cœur de la capitale. Franprix s’y est mis il y a dix ans. Le circuit suit la même logique, mais avec un point de départ, cette fois-ci à Bonneuil (Val-de-Marne), l’autre grand port francilien, pour une arrivée au port de la Bourdonnais, au pied de la tour Eiffel. L’enseigne de la grande distribution charge ainsi 42 containers de produits secs (conserves, biscuits secs, l’eau…) sur une barge, qu’« une dizaine de camions se chargeront, au petit matin, de dispatcher ensuite dans nos 300 magasins à Paris et dans la proche banlieue ouest », détaille Arthur Caron, directeur supply chain de Franprix.

« Nous réduisons de 20 % les émissions de CO2 »

Là encore, ce court passage par le fleuve permet à Franprix d’économiser chaque année 420 000 kms par la route et 82 600 litres de carburant. Et puis, tout le monde en profite un peu. L’enseigne dit ainsi éviter 3 600 camions sur les routes franciliennes, déjà bien engorgées. « Et nous réduisons de 20 % les émissions de CO2 par rapport au transport routier classique », ajoute Arthur Caron.

Ikea n’a pas fait encore ce calcul, mais Emma Recco cite bien cet enjeu « de réduire le bilan carbone » dans le choix du fluvial. Elle en évoque un autre, à l’heure où la livraison jusqu’au domicile du client prend une place croissante dans l’activité du géant suédois. « En échappant à la congestion routière, le fluvial nous permettra d’augmenter la fiabilité de nos livraisons et donc d’améliorer l’expérience client », estime-t-elle. Arthur Caron confirme : « On arrive à livrer les magasins depuis le quai de la Bourdonnais à la demi-heure près, contre une heure et demie si nos camions partaient de nos entrepôts dans le Val-de-Marne. Ce gain est primordial dans notre organisation. »