Le contrat-cadre du canal du Midi pour 2022-2027 a été signé

Le contrat-cadre 2022-2027 du canal du Midi a été signé par les membres de l’Entente le 8 février 2023 à Narbonne. Il signifie la mise en œuvre opérationnelle pour cette période du plan de gestion de cette voie d’eau, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Il fait suite à un premier contrat qui a permis de lancer des actions et travaux entre 2019 et 2021.

La région Occitanie-Pyrénées/Méditerranée, la préfecture de région, quatre départements (Aude, Haute-Garonne, Hérault, Tarn) et l’établissement public Voies navigables de France (VNF) ont profité de la réunion du comité de Bien pour parapher ce contrat-cadre, marquant ainsi la mise en œuvre opérationnelle pour cette période du plan de gestion du canal du Midi.

Ce contrat-cadre vise « à assurer le maintien de la valeur universelle exceptionnelle du canal du Midi, faire le nécessaire pour maintenir son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco et à favoriser un développement ambitieux du canal du Midi et de ses territoires, compatible avec les principes de préservation et de valorisation de ce bien ».

Des actions sur les ouvrages et le patrimoine

Le contrat-cadre du canal du Midi 2022-2027 s’appuie financièrement sur le nouveau contrat de plan État-région 2021-2027, signé en janvier 2023. Les investissements prévus sont : 77,2 millions d’euros de VNF (dont 26,2 millions d’euros du plan France-Relance) et 40,75 millions d’euros de la région. Il s’y ajoute des « crédits territoriaux de l’État (FNADT et DSIL) ».

Parmi les actions planifiées jusqu’en 2027 et qui vont être notamment portées par VNF, gestionnaire du canal du Midi :

  • Restauration du patrimoine (intervention sur des ouvrages et du bâti) et de la voûte arborée avec le soutien financier de la région Occitanie et des départements ainsi que la poursuite de travaux de modernisation du réseau pour améliorer la navigation ;
  • Amélioration/modernisation de la gestion de la ressource en eau avec l’installation de sondes, l’automatisation et le pilotage à distance des ouvrages hydrauliques. L’objectif est de parvenir à davantage de réactivité et d’économiser la ressource.
« Continuité cyclable »

Un important volet du contrat-cadre concerne la « continuité cyclable » le long du canal du Midi. VNF accompagne les maîtres d’ouvrage.

D’une part, le canal du Midi fait partie de l’itinéraire V80 (« canal des Deux Mers à vélo ») qui va de l’Atlantique à la Méditerranée. Il s’agit de mener des opérations d’amélioration de l’infrastructure et des services associés, ainsi que de communication sur l’itinéraire.

D’autre part, le conseil départemental de l’Aude a choisi d’être maître d’ouvrage de la réalisation d’une véloroute le long du linéaire du canal du Midi dans son périmètre géographique « afin de redonner à cet itinéraire un niveau de cyclabilité correspondant aux attentes des usagers ». Les travaux sont cofinancés par l’État (FNADT), la région Occitanie et VNF.

Il ne faut pas non plus oublier l’Hérault où le département a entrepris des travaux d’entretien du chemin de halage ou du cavalier « pour améliorer sensiblement les conditions de circulation des vélos ».

Des archives à préserver

Le canal du Midi, c’est aussi une importante documentation historique au port Saint-Etienne à Toulouse avec 700 mètres linéaires de dossiers d’archives conservés et retraçant les quatre siècles d’histoire du canal du Midi et du canal latéral à la Garonne. Ouvert aux lecteurs sur rendez-vous auprès de VNF, « le bâtiment des archives a su conserver sa fonction d’origine ainsi que son intégrité patrimoniale remarquable ».

Une étude sanitaire réalisée en 2020 ayant « conclu à la nécessité de dépoussiérer et de reconditionner les documents pour assurer une meilleure conservation », un premier traitement a été mené sur un certain nombre d’archives en 2021. Et VNF va poursuivre son plan d’action pour la conservation et la valorisation de ces archives, dont il est là aussi le gestionnaire.

Une promotion concertée

Une autre partie des actions du contrat-cadre concerne la promotion (expositions, site Internet, coordination d’événements…) du canal du Midi notamment par l’intermédiaire de la marque. VNF est le gestionnaire de la marque du canal du Midi en lien avec les membres de l’Entente.

Un travail est ici en cours pour réaliser « un schéma d’interprétation », une démarche cofinancée par les membres de l’Entente pour le canal du Midi. « L’élaboration du schéma se déroule en 3 phases : un diagnostic, une stratégie et un plan d’actions. La concertation et le travail de co-construction sont au cœur du processus de définition du schéma d’interprétation. Il s’agit de se mettre d’accord sur l’histoire que l’on souhaite raconter au visiteur et sur la manière de la raconter. De nombreux échanges ont eu lieu et se poursuivent. La matinée du comité de Bien du 8 février 2023 a été consacrée à la co-construction des unités d’interprétation, c’est-à-dire la définition des angles d’approche du récit par territoire. Le schéma sera finalisé fin 2023 ».

Des actions lancées entre 2019 et 2021

Un premier contrat-cadre avait été signé en 2019 pour les années 2019 à 2021, « en anticipation de l’approbation du plan de gestion et en s’appuyant sur le contrat de plan État-région alors en vigueur », rappelle la direction territoriale de VNF Sud-Ouest. Le plan de gestion, présenté comme « la feuille de route pour le canal du Midi » et ses territoires, a été validé par un arrêté préfectoral le 1er avril 2021.

Le contrat 2019 à 2021 a permis de lancer plusieurs des actions et les chantiers qui y sont liés, sans être freiné par les procédures de validation du plan de gestion. Par exemple, la restauration par VNF de l’aqueduc des voûtes sur deux communes de Haute-Garonne a été effectuée et inaugurée en 2022 après trois ans de travaux, pour un montant total de 800 000 euros.

La restauration de la voûte arborée s’est poursuivie : en plus de 10 ans, 16 700 arbres ont été replantés. Ce sont aujourd’hui environ 1 500 arbres qui sont plantés chaque hiver sur le canal du Midi par VNF. Dans le même temps, il a fallu abattre 30 600 platanes et reconstruire 57 km de berges.

De premiers travaux ont aussi été menés sur le volet « continuité cyclable », par exemple pour l’itinéraire V80 « le canal des 2 mers à vélo » avec une livraison prévue à la fin 2023 « d’un parcours praticable sans danger pour les cyclistes ».

Si ce contrat cadre entend assurer le maintien de la valeur universelle exceptionnelle du canal du Midi, il semble toutefois se focaliser sur les aménagements « périphériques » à l’utilisation à proprement parlé dudit canal : la navigation. Les usages de la voie d’eau ainsi que les professionnels y développant leurs activités économiques semblent, si ce n’est ignorés, du moins relégués au second plan de ce contrat. C’est ignorer le poids économique de ces acteurs et leur impact sur la vie économique des communes traversées.