Sur les quais de Bordeaux, des pontons équipés de bornes électriques pour le transport fluvial

Afin de limiter les nuisances et la pollution liées à la consommation de fioul, Bordeaux Métropole a confié à Enedis l’électrification des pontons des quais bordelais.

À proximité de l’embarcadère Ariane, au niveau du quartier des Chartrons à Bordeaux, les ouvriers travaillent au fond d’un large trou. C’est là, sous terre et invisible pour les promeneurs et les habitués du marché dominical, que sera prochainement installé le poste de transformation qui alimentera en électricité quatre pontons.

Un projet à 5,8 millions d’euros porté par la Métropole et confié à Enedis afin « d’agir directement sur la qualité de l’air et par conséquent sur la santé et la qualité de vie des habitants », fait savoir la Métropole.

Objectif ? Permettre à des bateaux de venir se raccorder à l’électricité directement le long des quais. Toutefois, on ne parle pas ici des impressionnants paquebots qui viennent rendre visite au Port de la Lune aux beaux jours ; car les installations seraient trop intrusives, puissantes et coûteuses. Surtout, il s’agit de la compétence du Grand Port Maritime de Bordeaux et non plus de celle de la Métropole. Sont concernés, donc, les paquebots et bateaux fluviaux, les grands voiliers pour leurs escales, les navires militaires, les bateaux de mer de petite taille et les grands yachts.

Ces usagers ne seront donc plus obligés de consommer leur fioul pour produire leur électricité : une économie de 500 litres en moyenne par jour et par bateau.

Pour la Métropole, qui compte une délégation « valorisation du fleuve, des franchissements et du rééquilibrage rive droite », ce chantier doit accompagner le développement du tourisme et de l’économie autour du fleuve. « Peut-être qu’avant on tournait un peu le dos à la Garonne, mais aujourd’hui il s’agit de bénéficier de tout son apport et sa richesse » commente Jean Touzeau, vice-président de Bordeaux Métropole en charge de la délégation.

En 2019, avant la crise sanitaire, le tourisme fluvial à Bordeaux représentait 26 000 passagers et 200 croisières allant d’une semaine à 10 jours, au départ des quais.

Une puissance de 250 kVA par borne

Pour Enedis, ce chantier est « exemplaire » de par son caractère unique. Jusqu’à peu, « il n’existait pas en France de solutions adaptées pour la recharge spécifique de ces bateaux » précise-t-on dans le communiqué. « Il est nécessaire, pour réaliser la transition écologique, de mettre en place un certain nombre d’usages, explique Jean Paoletti, directeur régional Enedis Aquitaine. Ici, on parle de plusieurs millions d’euros investis pour faire qu’il y ait moins de CO2 à Bordeaux. »

Le ponton Ariane est doté de trois bornes, permettant le branchement de trois bateaux, et chacune délivre 250 kVA (kilovoltampères). « Cela correspond aux besoins d’un bateau, mais certains plus grands nécessitent deux bornes », précise-t-on du côté d’Enedis. Un système qui se développe notamment à Paris ou Royan, et qui réduit, hormis les nuisances sonores, les nuisances olfactives. « Cela évite aussi le ravitaillement en fioul à Bassens » complète Jean Touzeau.

Les deux prochains pontons en 2023 et 2024

Une première borne a été déployée en 2020 sur le ponton Albert Londres. « Cela s’est traduit par la non-combustion de près de 200 000 litres de gazole conventionnel » précise la Métropole. 405 tonnes de CO2 ont été évitées, cette année-là, par le bateau « Cyrano de Bergerac ». Le ponton Ariane, en cours d’aménagement, sera lui prêt à fonctionner d’ici le mois de mars prochain.

Les quais de Bordeaux étant inscrits au patrimoine de l’Unesco, et pour coller aux contraintes imposées par un tel classement, Enedis construit en ce moment le poste de transformation en souterrain. Directement sous les quais, il comptera une hauteur sous plafond de 2,5 mètres, et une surface au sol de 30 m². Deux autres pontons seront équipés d’ici deux ans : le Jefferson (au niveau du Hangar 14) en avril 2023 et le Lafayette (au niveau du skatepark), en avril 2024.

A noter : L’étude Capnavir, lancée en octobre pour mesurer la pollution des paquebots maritimes, devrait donner ses résultats en février. Presque dans la foulée, au printemps, une nouvelle étude sera lancée sur dix mois pour mesurer la pollution des paquebots fluviaux cette fois.

Source : Placeco.fr