Observations d’E2F sur le projet de COP

La Profession exprime sa satisfaction de voir aboutir le Contrat d’Objectif et de Performance, comme socle d’un nouvel élan dans le secteur des voies navigables.

La Profession peut entendre les réticences, les réserves parfois même les oppositions qui s’expriment au sein de la filière sur tel ou tel volet du COP, les moyens de fonctionnement, la consistance du réseau par exemple. Nous en partageons plusieurs.

Pour notre part, nous retenons :

Le défi, qui réside d’abord et avant tout dans la conception et la mise en œuvre d’un projet de transformation industrielle associé à une évolution -nécessaire- du modèle économique de l’Établissement (Diversification des financements, régions, Europe, Redevance Hydraulique, délégation à des privés dans des ports…). Aucun gestionnaire d’infrastructure n’y échappe. Il y a là des risques, c’est vrai de tout projet, mais de nombreuses opportunités. Cette transformation, j’observe qu’elle est à l’œuvre aussi dans le domaine portuaire et dans nos entreprises. Je note, plus particulièrement s’agissant des opérateurs de transport la volonté exprimée de réformer les péages. Nous n’y sommes pas opposés, bien au contraire dès l’instant que nous nous plaçons dans le cadre d’engagements réciproques.

L’ambition du COP qui donne, et c’est un fait nouveau, de la visibilité pour les dix années à venir, visibilité dont étions jusque-là privés. Visibilité sur les étapes de la transformation et la trajectoire financière associée. Aux termes du COP, 3 périodes vont se succéder : la période du plan de relance 2021/ 2022, j’allais dire confortable, la période 2023 / 2026, pour laquelle passez-moi l’expression, le compte n’y est pas ; j’ai en mémoire l’objectif du Président Hénard en termes d’investissements et de dotation de l’Etat qui reste à concrétiser. Je ne vois pas en l’espace de 2 ans une modification telle du modèle économique de VNF qu’elle nous permette de nous satisfaire d’une dotation AFITF réduite. Je comprends qu’il nous faut préparer dès maintenant cette deuxième période en prévision de laquelle il nous faudra avoir fait la démonstration de l’efficacité du plan. Je ne ferai pas de commentaire sur la période postérieure à 2027.

La méthode qui est celle de la concertation sur une période 2 ans pour procéder à un certain nombre d’arbitrages et de calage des niveaux de service. Nous allons enfin pouvoir parler vrai avec les différentes parties prenantes au premier rang desquelles les Régions à condition que cette concertation soit organisée. Tout dépendra de la capacité de mobilisation collective pour révéler le potentiel de trafics. Soyez certain que la Profession s’y impliquera. A cet égard, la démarche concertée Grand-Est, déjà engagée, ne nous rassure pas totalement. Je vois grandir l’attente des acteurs de la filière et la volonté de VNF, des Régions et de l’Etat d’y répondre.

Deux remarques pour terminer :

  • Nous sommes en désaccord avec l’affirmation selon laquelle il y aurait 2 réseaux distincts. Quand nous disons « 2 réseaux » nous comprenons « 2 vitesses ». Il y a bien un réseau, et j’oserais dire de plus en plus compte-tenu des liaisons interbassins existantes et en devenir (Seine Escaut), et des gabarits et des niveaux de service différents, nous en convenons. Il en va également de l’unicité, presque de l’intégrité de VNF en tant qu’établissement unique, notion qui n’est pas toujours allé de soi.
  • Je voudrais dire enfin, que le COP ne fera pas tout, si effectivement, il n’y a pas un élan politique en faveur du report modal, au-delà de la simple question des dotations budgétaires, et une mobilisation forte des acteurs. Je voterai donc favorablement à ce que j’analyse comme une dynamique positive -le COP n’est évidemment pas parfait- ce qui n’exclut ni le réalisme ni la vigilance des acteurs économiques.