De plus en plus de livraisons grâce à la Seine

L’entreprise de livraison urbaine Fludis innove avec l’utilisation, depuis quelques années, d’un bateau électrique et d’une flotte de vélos cargos pour livrer en plein centre de la capitale par le fleuve. Un mode de transport zéro émission encouragé par la Ville de Paris.

Il est 7h45 et les allées et venues de vélos cargos s’enchainent au numéro 34 du quai d’Austerlitz (12e). C’est ici, sous la Cité de la mode et du design, que Fludis a implanté son local de 1 200 m2 dans un ancien hôtel de logistique, propriété d’Haropa Port de Paris.

Cette entreprise de cyclo-logistique s’est spécialisée dans l’acheminement de marchandises sur le dernier kilomètre pour des clients professionnels. Son innovation ? Un bateau à propulsion électrique de 38 mètres de long et une flotte de vélos cargos électriques. Un mode de transport zéro émission encouragé par la Ville de Paris, dans le cadre de sa nouvelle stratégie de logistique urbaine.

La Seine, majoritairement utilisée par les entreprises du BTP (matériaux de chantier, déblais…) s’ouvre ainsi à de nouvelles activités.

1 500 colis transportés par jour

Pas besoin d’aller loin. Le navire de Fludis est amarré à 50 mètres du local, et dessert, du lundi au vendredi, deux escales parisiennes : le port du Gros Caillou (7e), près du pont Alexandre III, et le port de Solférino (7e). Dès l’accostage du bateau, les vélos cargos, tous électriques, sont débarqués par une nacelle et partent… en livraison ! « Je pars livrer dans le 2e arrondissement », glisse Yahya, un livreur, en enfourchant son vélo cargo.

Un engin peut transporter entre 180 et 250 kilos à chaque tournée, soit environ 1 tonne livrée par jour pour un livreur.

« Nous livrons jusqu’à 1 500 colis par jour, essentiellement des fournitures de bureaux, dans les arrondissements du centre ouest de Paris (1, 2e, 7e et 8e) par bateau et vélo cargo électrique, et les autres arrondissements (3e, 4e, 5e, 6e, 11e, 12e, 13e) par vélo cargo électrique uniquement », précise Kevin Janin, responsable du développement de Fludis.

Autre innovation : le bateau sert également d’espace logistique. Les marchandises sont classées par arrondissement sur les deux niveaux inférieurs du navire. Chaque livreur peut y remplir son vélo pendant la traversée avec les colis qui seront ensuite livrés dans le centre de la capitale.

Mais comment alimenter un bateau électrique ? La recharge des batteries s’effectue de nuit, lorsque le navire est de retour sur le quai d’Austerlitz, et l’embarcation dispose d’un groupe électrogène en cas de besoin.

La traversée de Paris en bateau depuis le quai d’Austerlitz ne prend que 30 minutes et évite de nombreux déplacements en camion dans la capitale. « Le fleuve est un mode de transport intéressant pour les métiers de la logistique, détaille Kevin Janin. Partir d’entrepôts situés à 15 km de Paris pour livrer dans la capitale n’a plus beaucoup de sens. ».

Et sur la Seine la circulation est fluide. « Les bateaux de tourisme commencent leur activité vers 9h30-10h, il y a donc peu de trafic aux horaires où nous naviguons », détaille Kevin Janin. Le bateau de Fludis est équipée de deux grues et d’une nacelle, ce qui permet de décharger les marchandises facilement dans tout Paris.

« Ce type de livraison en vélo électrique est appréciée de nos clients, explique Delmas, chef d’équipe chez Fludis, car les véhicules ne font pas de bruit et ne rejettent pas de gaz d’échappement ».

Fludis défend aussi un entrepreneuriat responsable : tous les livreurs sont embauchés en CDI et plusieurs d’entre eux sont d’anciens employés de l’association Carton Plein, qui forme et accompagne vers l’emploi des personnes en situation d’exclusion.