« Pour réduire la consommation d’énergie dans le secteur des transports le report modal de la route au fleuve est le meilleur levier »

3 questions à Matthieu Blanc, président du collège armateurs d’E2F.

La crise géopolitique se transforme en crise énergétique, êtes-vous inquiet ?

Nos professionnels subissent de plein fouet la hausse du carburant, sans que la moindre sortie de crise se profile. Si les clauses d’indexation carburant ont pu fonctionner pendant un temps, la pression des marchés est telle que ceci n’est plus le cas aujourd’hui. La nécessité d’un accompagnement de l’État est de plus en plus criante, nous attendons beaucoup des arbitrages budgétaires en cours. Donc oui nous sommes inquiets sur le plan économique.

Le Gouvernement incite nos concitoyens et les entreprises à limiter leur consommation énergétique, quelle peut être la contribution du fluvial ?

La consommation de gazole du transport fluvial est de moins de 3 % du total utilisé par les professionnels tous secteurs du transport confondus. Je dirais que pour réduire la consommation d’énergie dans le secteur des transports le report modal de la route au fleuve est le meilleur levier. Je rappelle qu’il nous faut 1 litre de carburant pour acheminer une tonne de marchandises sur 100km. Quel mode de transport fait mieux ? Aucun.

On vous dira que c’est un peu facile, ne pouvez-vous pas, vous aussi, réduire votre consommation ?

Nous nous sommes engagés au travers de la signature en 2021 des engagements pour la croissance verte (ECV), dans un plan de transition énergétique visant à atteindre la neutralité carbone en 2050, par étapes successives, incluant notamment des remotorisations et le recours à des sources d’énergie alternatives au gazole.

Cette même Profession souhaite aujourd’hui dans un contexte d’inflation du prix des énergies et de raréfaction de la ressource, s’engager dans un plan de modération énergétique.

Ce plan s’articule autour d’une série d’actions simples à mettre en œuvre dont l’effet cumulé permettrait de réduire d’au moins 5 % l’énergie consommée au niveau du secteur tout entier.

Ces actions s’entendent hors modification du système propulsif lui-même, c’est-à-dire à technologie inchangée, pour permettre une mise en œuvre la plus large possible de ces actions et de garantir un résultat de court terme.

Ce plan sera détaillé dans les prochaines semaines.