Une offre clé-en-main pour verdir les flottes fluviales franciliennes

La Banque des Territoires, la Communauté portuaire de Paris, Famae impact et Neot green mobility ont lancé, le 17 mars sur le Port de Grenelle (Paris 15e arr.) une offre clé-en-main pour aider les armateurs à opter pour une motorisation électrique ou à l’hydrogène. L’objectif est de « verdir » 40 navires d’ici aux JOP 2024.

« Même avec la flambée des prix actuels, le gazole reste un carburant relativement bon marché ». Cette confession, William de Lumley la fait en toute connaissance de cause : le directeur de l’agence Seine aval et Ile-de-France de Lafarge granulats est en train de chiffrer le montant de l’investissement nécessaire au retrofit électrique de l’un de ses pousseurs gazole. Le coût de l’opération pourrait avoisiner les 2 millions d’euros, « alors que notre facture de carburants – avant la crise actuelle – s’élevait à quelque 30 000 euros annuels », assure-t-il. Autant dire que même en incluant les économies réalisées sur la maintenance – moins coûteuse sur les bateaux électriques – , et en pariant sur un doublement des prix du gazole, plusieurs décennies sont nécessaires pour rentabiliser l’investissement !

C’est pour aider la Communauté portuaire de Paris à résoudre cette difficile équation financière qu’a été lancée, jeudi 17 mars 2022 sur le port de Grenelle (Paris 15e arr.) une offre clé-en-main, en présence du préfet Pierre-Antoine Molina, secrétaire général aux politiques publiques de la préfecture de la région, ainsi que de Pascal Sanjuan, délégué interministériel au développement de la Vallée de la Seine. Porté par la Banque des territoires, le fonds d’investissement Famae impact, et Neot green mobility, ce partenariat vise un but simple : éviter aux armateurs d’investir dans des nouvelles motorisations en leur proposant une offre de location longue durée. « Ainsi, l’on peut assurer la neutralité économique de l’investissement », a commenté Olivier Jamey, président de la Communauté portuaire de Paris.

Assurer la neutralité financière du rétrofit

Concrètement, deux offres seront proposées aux propriétaires de bateaux volontaires. La première est celle de Famae impact. « Nous allons financer, par le biais de notre société Seine Rétrofit, les actifs – motorisation ou coque remotorisée – et les louer ensuite pendant dix ans aux armateurs », explique Marie-Estelle Iorio, cofondatrice du fonds créé en 2020 et spécialisé dans les investissements visant à préserver l’environnement. « Au bout de quatre ans, les armateurs pourront chercher un refinancement bancaire, s’ils le souhaitent ». Mais pour l’instant, ont souligné les intervenants, les banques sont frileuses « car la technologie est innovante, et donc risquée, et la crise sanitaire a chahuté l’économie des bateaux transportant des passagers », a souligné Olivier Jamey.

La Banque des territoires et le fonds d’investissement Neot green mobility – spécialisé dans les mobilités vertes, et dont sont actionnaires la Banque des territoires, EDF, Mirova et 3i – vont mettre sur pied une deuxième offre. « Nous allons créer une société de projet, Fluvial zéro émission (FZE), dans laquelle nous interviendrons chacun à hauteur de 10 millions d’euros », a expliqué Richard Curnier, directeur régional Ile-de-France de la Banque des territoires. « Celle-ci aura pour vocation de financer les batteries, les piles à combustible en cas de motorisation hydrogène, mais aussi les systèmes de recharge à quai, mais aussi de garantir la performance et de gérer la fin de vie des actifs », détaille Aurélien Achard, directeur mobilité de Neot green mobility, qui poursuit : « nous ambitionnons de lever d’autres capitaux auprès d’investisseurs tiers pour atteindre une force de frappe d’une centaine de millions d’euros ».

Ces offres de financement s’ajoutent aux aides déjà disponibles, comme les certificats d’économie d’énergie (C2E) et le PAMI (plan d’aide à la modernisation et à l’innovation), géré par VNF. 12 sociétés ont, le 17 mars, signé leur engagement pour cette plateforme de financement clé-en-main, des Vedettes du Pont Neuf à Vinci construction, en passant par la Compagnie des batobus et 2E energy (qui approvisionne en combustible les bateaux).

Source : Le Journal du Grand Paris