Vers une revitalisation des petits canaux du Grand Est

Jeudi 24 février 2022, Jean Rottner, Président de la Région Grand Est et Voies navigables de France (VNF) ont signé, en présence de Jean-Baptiste Djebbari, Ministre chargé des transports, un partenariat pour revitaliser les petits canaux du Grand Est. Objectif : développer le potentiel fluvial et fluvestre des canaux avec l’ensemble des acteurs des territoires.

Les canaux, un atout pour le développement des territoires

Deuxième région fluviale de France, le Grand Est dispose d’un capital touristique fluvial et fluvestre important, conjuguant découverte au fil de l’eau et pratique d’activités diverses. Pour l’ensemble de la région, le tourisme fluvial représente chaque année un poids économique de 91M€ et 250 emplois.

En 2019, la Région Grand Est, en partenariat avec VNF et le Ministère de la Transition Écologique, lançait une étude pour expertiser le potentiel de développement des canaux du territoire et revitaliser les canaux les moins fréquentés du territoire, à savoir le canal des Ardennes, le canal de la Meuse, le canal des Vosges et le canal du Rhône au Rhin Branche Sud. L’étude menée a révélé que les canaux et rivières constituent un atout de développement indéniable pour les territoires, avec un rayonnement possible au niveau transfrontalier et européen. Ils peuvent être un vrai révélateur des richesses du territoire et un moyen de les découvrir.

4 axes stratégiques identifiés pour le développement du potentiel touristique de ces voies d’eau

A proximité immédiate de l’environnement fluvial, l’offre de loisirs est importante : randonnées pédestres, à vélo, à cheval, découverte du patrimoine et de la gastronomie, des métiers d’art… C’est pourquoi, quatre axes stratégiques sont proposés pour travailler à leur revitalisation à l’échelle des territoires :

  • Garantir les conditions nécessaires pour développer l’offre touristique et moderniser l’infrastructure fluviale :
    – Poursuivre le maintien en l’état et la modernisation de l’infrastructure fluviale
    – Constituer des itinéraires cyclables pour homogénéiser les conditions d’accueil
  • Constitution de l’offre, mise en tourisme :
    – Améliorer l’offre de services en élargissant par exemple les horaires de navigation ou en améliorant la capacité à recevoir des bateaux promenade ou des péniches hôtels ou des bateaux de commerce
    – Développer une offre fluvestre diversifiée, spécifique par itinéraire (lien canal / voie verte)
  • Améliorer le rayonnement européen de l’offre fluviale fluvestre (promotion avec l’Agence Régionale de Tourisme Grand Est) :
    – Mettre davantage en valeur les voies d’eau auprès des clientèles transfrontalières
    – Assurer une image et une visibilité de la Région comme stratégie de destination fluviale fluvestre
    – Susciter chez les partenaires locaux le développement d’animations culturelles et sportives
    – Suivre la coopération transfrontalière spécifique sur 2 ou 3 voies d’eau
  • Mettre en œuvre une gouvernance par voie d’eau :
    – Suivre l’observation du tourisme fluvial et fluvestre des canaux (dans le cadre des missions de l’Observatoire Régional du Grand Est)
    – Créer une instance de pilotage par voie d’eau associant l’ensemble des cofinanceurs
    – Travailler en commun avec les comités d’itinéraires cyclables existants
Favoriser l’émergence de projets de territoires

La Région Grand est et VNF viennent donc de signer une charte d’intention pour faire émerger des projets de territoires ou contrat de canal portés par les collectivités concernées et destinés à accroître de manière globale le potentiel touristique des territoires autour des canaux.

Les contrats de canal et de territoire visent à maintenir et développer une dynamique d’activité de navigation sur les canaux en bâtissant une offre touristique globale attractive.

Cette offre s’appuiera notamment sur des niveaux de service augmentés et adaptés au regard du potentiel touristique (maintenance renforcée, capacité de navigation accrue) pour lesquels la Région et VNF apporteront 70% du financement supplémentaire nécessaire pour les investissements de modernisation liés à l’infrastructure, soit respectivement 50% et 20%. Les 30% restant devront ainsi être financés par les partenaires locaux.

Ce sont en tout plus de 100 millions d’euros qui seront investis sur le territoire entre les différentes parties pour porter un projet de développement touristique autour de chacun des itinéraires et de co-construire une stratégie touristique (valorisation du domaine, aménagements ou valorisation de véloroutes, etc.).

Cette démarche s’inscrit pleinement dans une volonté de transition vers une économie plus verte et durable, dans un souci de préservation de l’emploi et de solidarité entre les territoires.

N’oublions pas le fret fluvial

La Profession se félicite de la mise en place de ce partenariat, historique à bien des égards, qui doit permettre d’expertiser le potentiel de développement des canaux du territoire et de revitaliser ceux qui sont les moins fréquentés, avec des cofinancements importants à la clé.

Toutefois, si ici l’accent est mis sur le tourisme fluvial, il convient de ne pas oublier le fret fluvial.

Le trafic des bateaux de fret dans ces secteurs a diminué au cours des dernières années, c’est un fait, mais cela résulte d’un ensemble de facteurs externes clairement identifiés : désindustrialisation, diminution de la capacité d’emport des bateaux (faute d’enfoncement suffisant), interrogations sur le modèle économique…

Sur ces différents canaux, le fret fluvial ne demande qu’à progresser, si les moyens lui en sont donnés. L’intérêt général pour le transport par voie d’eau est grandissant, des filières comme les déchets par exemple émergent nettement, des trafics de céréales vers Givet sont potentiellement transférables sur la voie d’eau, la logistique urbaine fluviale s’installe déjà au cœur de Strasbourg…. Ce ne sont que des exemples parmi d’autres.

Dans les faits, la demande est toujours latente mais elle suppose un niveau de service suffisant pour se concrétiser.

Parallèlement, saturation routière et pollution continuent de progresser sur le Territoire.

Une situation jugée à ce point insupportable par la Région que la Collectivité a pris la décision d’appliquer en 2025 l’écotaxe sur son réseau routier (sous le nom de « R’Pass »).

Une concertation avec les professionnels sera d’ailleurs menée cette année, suivie d’une consultation des Alsaciens en 2023. Le choix de l’opérateur chargé de l’écotaxe, la construction du dispositif technique et financier ainsi que les décisions sur le paramétrage du système, c’est-à-dire le tarif et les routes concernées, seront menées en même temps pour permettre son entrée en vigueur en 2025.

Voilà l’occasion de mener une concertation qui intègre la solution fluviale et ses besoins dans un délai parfaitement compatible avec la mise en œuvre du COP et de mettre en œuvre à l’échelle régionale une politique ambitieuse de report modal.

Rappelons qu’à date, les trafics fluviaux sont d’environ 230 000 tonnes par an soit plus de 11 000 camions évités sur les routes du Grand Est, un bon début.