Promovan H2 : le laboratoire des futurs bateaux fluviaux à propulsion électro-hydrogène

Dans la perspective de construire une filière hydrogène pour décarboner la propulsion des bateaux fluviaux, le projet Promovan H2, dont E2F est partenaire, s’attache à modéliser sept types de navires représentatifs du bassin Rhône-Saône. Ces travaux ont vocation à être disséminés à toute la profession. Ce projet est soutenu par le FEDER et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Lancé en juin 2021, le projet de recherche Promovan H2 (pour propulsions et motorisations innovantes) pour des bateaux fluviaux mobilise pour deux ans, sous la houlette de Voies navigables de France (VNF), un consortium réunissant le cabinet d’architecture navale toulousain LMG Marin, la Compagnie fluviale de transport (CFT), filiale du groupe normand Sogestran, et le syndicat professionnel Entreprises fluviales de France (E2F).

« L’objectif à court terme consiste à modéliser des systèmes de propulsion utilisant en priorité les technologies de l’hydrogène pour sept types de bateaux représentatifs du bassin Rhône-Saône : pousseurs et automoteurs pour le fret fluvial ; et, pour le transport fluvial de passagers, des bateaux de service, promenade, croisière et croisière-promenade, explique Laurent Walle, directeur général du cabinet d’études TL&Associés, assistant à la maîtrise d’ouvrage (AMO) de Promovan H2. L’objectif à long terme vise à bâtir une filière industrielle la plus décarbonée possible pour répondre aux enjeux de la transition énergétique de la flotte fluviale, E2F étant chargé de disséminer les résultats de recherche auprès des acteurs du transport fluvial. »

Une architecture hybride

Promovan H2 s’inscrit dans la continuité de Promovan 1 (2009-2014) qui avait modélisé les cycles de navigation de ces sept types de bateaux représentatifs afin d’optimiser leurs cycles de consommation énergétique. « Cela nous a permis d’avoir des profils de puissance et de consommation bien définis, souligne Matthieu Blanc, directeur métier fluvial chez CFT, qui opère 160 bateaux fluviaux en France et emploie 350 navigants. Par exemple, la pleine puissance n’est utilisée que durant 1 % du temps. Et 90 % de la pleine puissance durant 5 % du temps. Cette étude conditionne la conception des navires fluviaux. »

Point fort de Promovan 1 : démontrer que l’implantation d’une architecture hybride dans les bateaux offrirait l’opportunité d’économiser de 10 à 15 % en consommation de carburant.

Pile à combustible

Puis, le projet Promovan 2 (2014-2016) a validé la possibilité d’intégrer un vecteur pile à combustible H2 à ces hybridations. Ce qui a permis à CFT de lancer, en 2019, la conception d’un automoteur de fret à hydrogène prototypé en France dans le cadre du consortium européen Flagships . D’une puissance de 400 kW, ce modèle Zulu du chantier naval Piriou sera capable de transporter 200 palettes sur son pont de 50 m x 8 m. CFT s’apprête à l’inaugurer ces prochains mois sur l’axe Seine.

« Promovan H2 va fournir des fiches techniques par types de bateau qui indiqueront comment les équiper en solutions zéro émission, précise le directeur métier fluvial chez CFT. Pour l’heure, la réflexion ne porte pas encore sur des modèles de propulsion standardisés. Mais s’ils émergent, nous les prendrons en considération. »

 A la fin du Promovan H2, un séminaire rendra compte des résultats technico-économiques obtenus et ce que la profession pourra en attendre. Notamment pour traiter la question de savoir s’il vaut mieux miser sur le rétrofit ou sur la construction neuve de navires fluviaux spécialement conçus pour la propulsion électro-hydrogène.

Source : Les Echos.