Seine-Nord et « Cap 2020 », deux projets importants pour les ports des Hauts de France

Retour sur un séminaire organisé par Norlink à Lille début mai 2022 et qui a permis d’aborder plusieurs projets importants en cours pour les ports de la région des Hauts-de-France, comme le canal Seine-Nord Europe et « Cap 2020 ».

Norlink a organisé un séminaire « connaissances et projets » le 3 mai 2022 à Lille avec l’objectif de favoriser les échanges sur différents projets ou sujets majeurs pour parvenir à un constat partagé puis à une vision collective pour le territoire et les ports, a indiqué Bruno Fontaine, président de la fédération, en introduction de la journée.

Les différents ateliers ont abordé le projet du canal Seine-Nord Europe, le projet « Cap 2020 » de Dunkerque Port, la stratégie de développement du fret ferroviaire sur le réseau des Hauts-de-France, le contrat d’objectifs et de performance de VNF décliné sur le bassin du Nord-Pas-de-Calais, les avancées de Multirégio avec le choix d’un hub à Languevoisin, ou encore les principaux enseignements d’une étude sur les flux de transit et comment en capter davantage dans la région, sans oublier les enjeux du foncier économique.

Dans une intervention en vidéo, Franck Dhersin, vice-président de la région en charge des mobilités, des infrastructures de transport et des ports, a centré son propos sur le canal Seine-Nord Europe dont le chantier a commencé sur le secteur 1, ainsi que sur le travail en cours concernant les quatre ports intérieurs prévus le long de cette nouvelle infrastructure. Ces quatre ports situés à Marquion-Cambrai, Péronne, Nesle et Noyon doivent favoriser le développement économique le long de la future nouvelle voie d’eau, maillon central de la liaison européenne Seine-Escaut.

Pour cet élu régional : « Leur réalisation donne la priorité à la concertation avec le public, les citoyens, les riverains, les acteurs concernés. Nous voulons aménager des ports pas seulement des zones d’activités. Nous recherchons donc des entreprises avec des besoins de logistique multimodale. Il y aura une spécialisation de chacun des ports avec une gouvernance unique pour une vision globale. Ces quatre ports représentent 330 hectares de foncier, 300 millions d’investissements publics. Ils seront les démonstrateurs du dynamisme économique de Seine-Nord Europe qui n’est plus une fiction mais devient une réalité ».

Le projet « Cap 2020 » suit son chemin

L’un des ateliers de la matinée a donné la parole à Dunkerque Port pour présenter le projet « Cap 2020 ». Celui-ci prévoit l’extension des capacités de ce port pour permettre l’accueil des plus grands porte-conteneurs (jusqu’à 450 m de long sur 63 ou 64 m de large) avec la création d’un bassin, d’un cercle d’évitage, de 2000 mètres linéaires (1000 à 1150 m dans une première phase) avec les postes à quai correspondants, 50 ha de zones logistiques, sans oublier les dessertes terrestres nécessaires aux activités. L’enjeu est aussi d’anticiper la hausse attendue des trafics conteneurs et d’éviter la saturation des équipements existants (terminal des Flandres).

Depuis le débat public organisé entre septembre et décembre 2017, le projet suit son chemin administratif avec un dépôt du dossier de demande d’autorisation sans doute fin mai 2022, qui sera une version actualisée de celui transmis en juin 2021. Le maître d’œuvre a été désigné fin avril 2022. L’enquête publique pourrait avoir lieu à la rentrée 2022 pour une autorisation début 2023. Les travaux préparatoires, d’ampleur conséquente, s’échelonneraient sur 2023 et 2024 puis le dragage du nouveau bassin et la création des quais suivraient à partir de 2025 pour deux ans, ce qui conduit à une livraison fin 2026 ou début 2027.

Le coût total estimé atteint 340 millions d’euros HT (valeur juin 2020) hors terres-pleins qui dépendent des besoins et des décisions du ou des opérateur/s dans le cadre de la concession. Dans le contexte inflationniste, cette estimation connaît actuellement une hausse de +10 à +20 %, ce qui mène à un montant compris entre 370 et 400 millions d’euros. Le projet pourra bénéficier d’un soutien financier de l’État, de la région, de l’Union européenne (MIE) mais plus de la moitié de l’investissement sera supportée par Dunkerque Port.

Cette nouvelle infrastructure est voulue comme répondant dès sa conception aux critères actuels d’un terminal à conteneurs performant, c’est-à-dire notamment « digital », tout en prenant en compte les impératifs de la transition écologique et énergétique (des services comme le soutage au GNL et autres carburants alternatifs y compris l’hydrogène pour les industries et les mobilités, stockage et valorisation du CO2 et projet de carburant de synthèse), réduction des mouvements des engins de manutention, mesures compensatoires, biodiversité, pistes cyclables, prise en compte des remarques des riverains notamment des habitants de la commune de Gravelines qui se trouve au plus près de cette extension du port de Dunkerque.

4 marchés pour développer le trafic

Avec toutes ces mesures pour renforcer l’acceptabilité du projet Cap 2020, on oublierait presque qu’il s’agit de répondre aux besoins de développement de ce grand port dont le trafic conteneurs a représenté 652 000 EVP en 2021, en croissance de +41 % par rapport à 2020 et enregistrant une multiplication par trois en 10 ans. Entre 750 000 et 800 000 EVP sont attendus à la fin 2022. La capacité maximale de Dunkerque Port est de 1,2 million d’EVP actuellement, avec Cap 2020, l’objectif est de parvenir à 2,10 millions d’EVP en 2035. D’une part de marché sur le Range Nord européen de 1,5 % en 2019, Dunkerque passerait à 2,9 %.

Quatre axes sont ciblés pour atteindre les ambitions de trafic : feedering et transbordement (pour les îles britanniques, les pays baltes, le marché ibérique), deepsea (grâce à l’hinterland local et à des liens plus fréquents/étroits avec le Grand Est), short-sea (pour les îles britanniques avec un trafic actuellement en accompagné qui connaît une lente érosion et une évolution vers du non accompagné pour les remorques et les conteneurs dont Dunkerque veut profiter), fonctions industrielles et logistiques (700 000 m2 vont être développés d’ici 2035, il reste 500 ha pour de nouvelles implantations).

Un autre axe de travail concerne l’amélioration des lignes régulières vers l’Asie, plus particulièrement à l’export.

Pour le fluvial, Dunkerque attend l’arrivée du canal Seine-Nord Europe, étant déjà bien relié à Lille, Dourges ou Valenciennes par des navettes conteneurisées. Parmi les quatre ports intérieurs prévus, celui de Marquion-Cambrai pourrait être important pour Dunkerque.

Concernant le ferroviaire, la desserte sur le port s’améliore cette année 2022 avec la possibilité d’accueillir des trains complets de 850 mètres. Il a été souligné le besoin d’un terminal a minima rail-route pour mieux desservir la région parisienne. L’idéal serait une implantation au Sud des Hauts-de-France et au Nord de l’Ile-de-France mais pas trop près de Paris, pourquoi pas le long de l’Oise…

Source : NPI.