Le retour tant attendu des croisières fluviales

Pour les croisiéristes, la saison 2021 affiche un bilan chaud et froid : un faible taux de remplissage, des clients motivés, des protocoles sanitaires inadaptés aux Américains et des équipages inquiets. Mais 2022 s’annonce sous de meilleurs auspices. Focus sur les croisières fluviales en région Grand Est.

Courant 2021, la longue période de fermeture des frontières avec les États-Unis a privé les croisiéristes fluviaux de leur principale clientèle outre-Atlantique. Après une longue période d’arrêt à cause de la pandémie, la saison 2021 a démarré tardivement (juillet) avec des taux de remplissage variés suivant s’il s’agissait de clients mélangés ou de groupes. Un point positif tout de même, les clients ont pu profiter des atouts majeurs habituels des croisières fluviales sur notre territoire français.

Pour la compagnie Croisières touristiques françaises, l’offre n’a pas baissé en qualité : gastronomie, découverte de la navigation, histoire de France… L’itinéraire alsacien par exemple comprend cinq escales entre Nancy et Saverne pour de petits groupes. En 2021, pour les 5 bateaux de la compagnie, le gérant Mark Bostin note une baisse de 25 %. « Nous n’avons navigué que 4 mois quand, chaque année, les bateaux tournent 7 mois. Les familles ont eu envie de se retrouver et de se détendre. Nous avons mesuré une très forte motivation ! Il fallait vraiment avoir envie de traverser l’Atlantique avec toutes les difficultés qui s’ajoutaient au fil du voyage. Il fallait parfois faire tester les clients tous les deux jours ».

Pour European Waterways, même topo. Après une année blanche en 2020, les croisières alsaciennes ont affiché une moyenne de 73 passagers en 2021 contre le double habituellement. Leurs excursions ont suivi les mêmes itinéraires que les autres années avec plus de contraintes : Sarrebourg, Cristallerie Lalique, Lehrer, Saverne, Strasbourg…

Pour le leader CroisiEurope, les bilans chiffrés ne sont pas encore établis, mais pour les offres alsaciennes, le « Rhin Romantique » et la croisière sur le canal de la Marne-au-Rhin, la compagnie a évalué un taux de remplissage de 85 %. Pour cette société familiale dont la réputation s’est forgée en 60 ans, l’esprit et la qualité de service attirent une moitié de fidèles parmi leur clientèle. En 2021, pour assurer le protocole sanitaire, ils ont conservé la « méthode gagnante » de 2020, celle de faire appel au spécialiste Bureau Veritas. « Leur savoir-faire a rassuré les clients et l’équipage qui a aussi reçu une formation. Cela a été notre meilleure publicité et un gain de confiance pour les bateaux fluviaux. Les règles, rigoureuses, ont été équilibrées par une certaine tranquillité pour les passagers une fois sur l’eau. Les groupes venaient aussi pour pouvoir relâcher la tension dans un espace clos et protégé. La difficulté est apparue lors des visites à l’extérieur pour faire en sorte que les clients soient toujours en règle », explique Axel Araszkiewicz, chargé des relations publiques de CroisEurope. Les autorisations ont été un des aspects les plus compliqués pour les croisières fluviales en 2021.

Autres difficultés dans le même registre pour la compagnie European Waterways : « Il y a eu quelques situations anxiogènes où face à la relâche des groupes, les employés réclamaient plus de respect des règles sanitaires. Ensuite, pour certains, récupérer des pass européens n’était parfois pas aisé quand les liens entre les ambassades n’étaient pas très clairs » précise Marie Touchet, assistante d’exploitation.

En amont d’une nouvelle saison qui s’annonce, les carnets de commandes se remplissent, même si tous craignent les effets du conflit russo-ukrainien. Marie Touchet confirme l’envol des réservations : « 2022 s’annonce déjà une saison record, même si une partie est due au report des croisières 2021, nous devrions accueillir 286 passagers au total dont 170 pour l’Alsace. Nos clients ont hâte de voyager et venir se faire « chouchouter » chez nous. Notre offre, tout inclus, d’une petite capacité daccueil limité à 12 clients plait énormément après tout ce que nous venons de traverser ! ». En sus, tous confirment le regain d’intérêt pour le fluvial d’une nouvelle clientèle plus jeune et sensible à un tourisme « slow » en lien direct avec la nature.

Source : NPI.