De la logistique urbaine fluviale sur le Rhône en 2022

C’est Urban Logistic Solutions et son service combinant transport fluvial et vélos cargos qui a été retenu pour acheminer, dès 2022, des marchandises au coeur de Lyon et récupérer des dèchets recyclables au retour. La Métropole de Lyon, Voies navigables de France (VNF) et la Compagnie nationale du Rhône (CNR) ont travaillé à trouver des solutions durables pour désengorger le centre-ville et réduire les nuisances pour les riverains.

Suite à un appel d’offres, la société alsacienne Urban Logistic Solutions (ULS) a été sélectionnée afin de lancer au début de l’année prochaine un service de logistique fluviale en centre-ville de Lyon. Une première pour la Ville des Lumières qui expérimente ainsi le transport fluvial de marchandises en milieu urbain : « On a souvent utilisé le mode fluvial pour des chantiers en hypercentre, mais jamais pour acheminer des marchandises », précise Cécile Avezard, directrice territoriale Rhône-Saône de VNF.

Un contexte porteur favorisant une logistique innovante et respectueuse du cadre de vie

La mise en place de la zone à faible émissions (ZFE) par la Métropole de Lyon et les aspirations grandissant des citoyens en faveur de solutions plus durables sont autant d’éléments favorables pour innover et développer de nouveaux moyens de desserte des centres villes.

Du transport massifié au transport de petits colis pour des livraisons en centre-ville sur le dernier kilomètre, le transport fluvial trouve toute sa pertinence dans une nouvelle logistique urbaine de proximité et durable, qui permet de décongestionner les axes routiers saturés et de répondre aux nouvelles exigences environnementales de réduction des pollutions au sein des grandes agglomérations.

Un transport mixant bateau et vélos électriques

« Enjeu de reconnexion utile et nécessaire entre la ville et le fleuve », selon les mots de Valentin Lungenstrass, adjoint au maire de Lyon en charge des mobilités et de la logistique urbaine, la mission d’Urban Logistic Solutions sera d’alimenter le centre-ville en petits colis et marchandises à destination des particuliers, ainsi que des commerçants du secteur alimentaire et des restaurateurs/traiteurs. À partir d’un entrepôt construit sur le port lyonnais Edouard-Herriot et à l’aide d’une grue, ULS chargera un bateau pouvant transporter 40 tonnes de marchandises, soit environ 50 camionnettes. Le bateau acheminera sa cargaison vers le Pont Morand dans le 1er arrondissement de Lyon. Arrivé à quai, une autre grue déchargera le bateau. Les marchandises et petits colis seront alors distribuées en centre-ville grâce à une flotte constituée d’une dizaine de vélos à assistance électrique avec remorques, spécialement dédiés à la livraison du dernier kilomètre.

Le navire fera un aller-retour par jour, 6 jours sur 7, et reviendra au port Edouard-Herriot chargé de déchets recyclables (papiers et cartons). Le trafic annuel est estimé à 8 000 tonnes au plus bas. Dans les prochaines années, ce service de logistique fluviale a vocation à se renforcer progressivement avec des bateaux pouvant emporter jusqu’à 122 tonnes (l’équivalent de 150 camionnettes) et faisant 2 rotations par jour, pour un objectif de 50 000 tonnes annuelles à l’horizon 10 ans.

Mesurant environ 20 mètres de long, le modèle de bateau employé par ULS fonctionnera dans un premier temps avec un moteur thermique de type diesel. Cependant, il respectera les normes les plus récentes en matière d’émissions polluantes (EMNR), en utilisant du GTL (Gas To Liquid). L’ambition est d’employer un moteur électrique, ou une solution totalement décarbonée, dans quelques années, en 2025-2026.

Un projet économiquement viable

La Ville et la Métropole de Lyon, VNF et la CNR, tous estiment que le transport fluvial de marchandises combiné au vélo va permettre de décongestionner les axes routiers et voiries qui sont saturées, tout en réduisant la pollution et les émissions au sein de l’agglomération. Autre avantage du fleuve sur la route, la logistique fluviale offre une certaine fiabilité pour les livraisons et donc une meilleure qualité de service. Le fait qu’il n’y ait pas d’embouteillages est un atout en termes de gain de temps, un point essentiel dans le secteur de la logistique.

Fonctionnant sans aucune subvention, le projet serait économiquement viable d’après les parties, ce qui tendrait à démontrer la pertinence du mode fluvial en milieu urbain en ce qui concerne la logistique de proximité.

Un effet boule de neige ?

« À la demande des commerçants et restaurateurs, la Métropole de Lyon travaille actuellement sur un projet de label « logistique décarbonée » », dévoile également Jean-Charles Kohlhaas. Ceux-ci souhaitent que leurs clients sachent qu’ils s’approvisionnent grâce à une logistique ayant moins d’impact sur l’environnement, car l’opinion publique aspire de plus en plus à des solutions durables. « Nous travaillons également au développement de zones urbaines où les camions n’auront pas le droit de circuler à certaines heures », ajoute t-il. Avec ces futures mesures, nul doute que la logistique fluviale va progressivement prendre de l’importance. D’ailleurs, des discussions sont en cours avec des candidats potentiels pour attribuer à la fin de l’année les emplacements des Ponts Lafayette et Wilson à Lyon.

L’implantation d’ULS à Lyon renforcera également l’offre fluviale pour le futur Hôtel de Logistique Urbaine (HLU), basé au port Edouard-Herriot, qui doit ouvrir en 2023.