Les bateaux et les équipages sont prêts pour le chantier du canal Seine-Nord

La filière fluviale est prête à répondre aux besoins de transport en matière d’évacuation de déblais et d’approvisionnement de matériaux de construction du futur canal Seine-Nord, maillon français de la liaison européenne Seine-Escaut. Précisions d’Entreprises fluviale de France lors de la réunion de l’Alliance Seine-Escaut et de son cercle économique le 8 mars 2022.

Lors de la réunion de l’Alliance Seine-Escaut et de son cercle économique le 8 mars 2022 pour faire mieux connaître l’état actuel d’avancement de la future liaison, Entreprises fluviales de France (E2F) est intervenue pour présenter la mobilisation des transporteurs.

« Nous sommes dans une phase ascendante pour le transport fluvial avec des bonnes nouvelles qui s’accumulent sur des projets d’infrastructures dont Seine-Escaut mais aussi en matière d’organisation comme celui des THC. C’est l’aboutissement d’années de travail. Nous sommes sur le temps long », a indiqué Didier Léandri, président-délégué général d’E2F.

Une étude sur le recours au fluvial lors des travaux du canal

Il a rappelé le contenu de l’étude relative au recours au transport fluvial pour le chantier du canal, réalisée par la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), disponible en ligne.

Dans son introduction, cette étude indique : « Pour réduire les impacts des transports des terres de déblais et des matériaux nécessaires à la construction du canal à grand gabarit, la SCSNE souhaite privilégier les transports alternatifs à la route, en cohérence avec les objectifs de la loi d’orientation mobilité et avec ceux du SRADDET de la région des Hauts-de-France. Par sa proximité immédiate avec les sites de réalisation du canal Seine-Nord Europe, le réseau des canaux existants est une opportunité pour la mise en œuvre d’une logistique fluviale pour le chantier ».

Pour Didier Léandri, « la politique de la SCSNE est claire avec un objectif zéro carbone par le recours aux modes alternatifs à la route pour l’évacuation des déblais lors du creusement du canal puis en phase de construction ».

Une évaluation des volumes

La même étude évalue les volumes de trafic sur le secteur 1 : « La fluvialisation du chantier du CSNE prévoit un trafic de 8,54 millions de tonnes sur 5 ans, hors mouvement de terre interne au chantier. Ce trafic fluvial concerne majoritairement l’évacuation de déblais (87 % des volumes) et dans une moindre mesure les matériaux de construction (13 % des volumes). Les 8,54 millions de tonnes à transporter par mode fluvial sont réparties à hauteur de :

– 13 % respectivement sur les années 1 et 5 (1,1 millions de tonnes par an dont 160 000-190 000t d’approvisionnement et 930 000t d’expédition). Sachant que l’année 1 est fixée à 2023 ;

– Entre 23 % et 26 % respectivement sur les années 2, 3 et 4 (2 à 2,2 millions de tonnes par an dont 120 000-330 000t d’approvisionnement et 1,9Mt d’expédition ».

Une mutualisation du transport fluvial avec d’autres chantiers n’apparaît pas possible lors des travaux du secteur 1 du canal Seine-Nord mais apparaît envisageable lors des travaux des secteurs 2 à 4 avec ceux du projet Mageo prévus entre 2025 et 2029.

La fluvialisation du chantier du canal

« Pour rendre possible cette fluvialisation du chantier du canal Seine-Nord, il y a bien évidemment des prérequis nécessaires », a indiqué Didier Léandri. Le premier porte sur la capacité des voies d’eau existantes à absorber le trafic supplémentaire. Et pour ce responsable d’E2F, « le canal latéral à l’Oise et le canal du Nord ne sont pas utilisés à leur capacité maximale et peuvent accueillir bien davantage que les 5 millions de tonnes enregistrés en 2019. Une évaluation du Cerema estime possible jusqu’à 9 millions de tonnes. Il est donc possible d’assurer et de rassurer que la capacité des voies d’eau est bien là ».

Un deuxième prérequis concerne la capacité et la disponibilité de quais. Deux « quais travaux » sont en cours de construction par la SCSNE, l’un à Ribécourt-Dreslincourt (quai de 150 m de long et 20 m de large, 10 000m² en arrière quai : 100mx100m)1 et un autre à Pimprez (200 m de long et 20 m de large, 10 000m² en arrière quai : 100mx100m. Ce sont des quais temporaires prévus au programme du chantier du canal, avec une mise en service au cours de 2022.

La SCSNE a aussi envisagé la possibilité d’aménager un quai travaux supplémentaire à Longueil-Annel (100 m de long et 40 m de large, 10 000m² en arrière quai :100mx100m) mais sa réalisation n’est pas décidée et relève de la proposition de maitrise d’œuvre à valider par les entreprises, selon l’étude.

De manière complémentaire, 5 quais fluviaux existants non utilisés ou très peu sollicités sont également présents sur l’Oise ou le canal latéral à l’Oise dans le secteur 1 du chantier. Ces quais fluviaux peuvent être mobilisés en compléments des quais travaux dans le cadre d’une négociation de COT auprès de VNF.

Un troisième prérequis est la mise à disposition de dépôts temporaires de stockage pour les déblais : 7 sont prévus bord à voie d’eau sur le secteur 1 pour une surface totale de plus de 900 000m².

La disponibilité d’exutoires à proximité de la voie d’eau est aussi nécessaire et possible, selon l’étude, avec un total de 85 recensés dont « 12 exutoires situés bord à voie d’eau avec un quai fluvial et 19 exutoires entre 1 km et 15 km d’un quai fluvial ».

Un nouveau modèle économique

« Les bateaux et les équipages seront, eux aussi, au rendez-vous, a conclu Didier Léandri. Ils répondront présents. C’est une question qui nous est souvent posée et la réponse est oui, nous serons mobilisables et mobilisés pour les besoins fluviaux des travaux du canal Seine-Nord comme nous le sommes, par exemple, pour les chantiers de la Société du Grand Paris.

La question est plutôt : pourquoi ne pas profiter de l’opportunité que constitue ce grand canal et son chantier pour réorganiser la filière fluviale, dans ses aspects construction navale et formations, voire jusqu’au modèle économique même du transport fluvial. Il s’agit de travailler au modèle nouveau du transport fluvial dans le contexte de Seine-Escaut ».

Source : NPI