Axe Méditerranée-Rhône-Saône : « Propulser le fleuve dans le 21ème siècle »

M. Pascal Mailhos, préfet coordonnateur de l’axe Rhône-Saône ouvrait le 7 juillet 2022 la première réunion du Conseil de coordination interportuaire et logistique – Axe Méditerranée-Rhône-Saône, dans sa formation renouvelée.

Le comité poursuit quatre objectifs :

  • Fédérer les acteurs et créer les conditions d’une bonne collaboration ;
  • Partager les informations et actualités ;
  • Restituer les conclusions de la mission menée à la demande du Premier ministre, pour susciter des réactions à intégrer dans la prochaine note à adresser à la Première ministre à la fin de l’été ;
  • Identifier quelques objectifs très concrets à atteindre d’ici fin 2023 et représentatifs d’un axe plus intégré et plus actif.

Cette séance était placée sous le signe d’une nouvelle ambition portée par le Président de la République de développer l’axe avec le port de Marseille comme porte d’entrée Sud de l’Europe et de la France, dans le cadre du plan « Marseille en grand » piloté par le préfet de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

L’ambition de structuration d’un port fluvio-maritime sur l’axe Méditerranée-Rhône

La construction d’un ensemble portuaire fluvio-maritime plus intégré sur l’axe Méditerranée-Rhône-Saône présente de nombreuses opportunités pour faire du corridor un territoire de référence et un laboratoire des politiques publiques de réindustrialisation, de décarbonation des transports, de transition énergétique et numérique, et maîtrise de la consommation foncière.

Dans ce grand corridor à la géographie complexe, faite d’une urbanisation intense mais diffuse, optimiser la logistique et penser l’aménagement du territoire dans cette optique sont des facteurs clefs de succès pour pouvoir fonder, à partir de ce projet, un espace économique ouvert sur l’Europe et sur le monde, tirant parti de son positionnement maritime sur le bassin méditerranéen, l’Afrique et l’Asie et de son caractère frontalier avec l’Europe de l’Est et du Nord.

Pour y parvenir, les ports maritimes devront accroître leur compétitivité pour pleinement jouer leur rôle d’ouverture sur le corridor et les ports fluviaux et secs devront assurer un rôle central, de relais de l’économie maritime tout en restant indispensables dans les échanges internes. Ils devront collectivement se lancer pleinement dans le défi de la transition énergétique.

Les acteurs et collectivités devront partager une ligne politique claire pour que ce projet s’accompagne d’un projet de territoire particulièrement porteur, en faisant fi des limites administratives. L’État devra, dans cette ambition, jouer un rôle fort aux côtés des collectivités, la spécificité du territoire d’intervention le légitimant pleinement. Le potentiel d’innovation du secteur privé devra être pleinement mobilisé.

Le défi immédiatement à venir sera donc de fédérer autour de cette notion de « gateway » qui porte en elle un projet de territoire puissant.

Vraisemblablement, l’objectif de triplement de la part modale globale du fleuve évoqué dans la lettre de mission ne sera pas atteignable d’ici 10 ans. La nature fermée du bassin et le positionnement des grandes plateformes logistiques, loin des ports fluviaux, rendent difficilement atteignable cette ambition dans ce délai. Mais cet objectif sera accessible à moyen ou long termes.

Les objectifs atteignables sur lesquels pourraient converger les acteurs sont :

  • De s’assurer que d’ici 10 ans, toute nouvelle implantation logistique ou industrielle, susceptible d’utiliser le fer ou le fleuve puisse être localisée sur un site connecté directement aux infrastructures adéquates ;
  • De multiplier par 2,5 le nombre de conteneurs transportés par voie fluviale à horizon 10 ans ;
  • De viser 80 % de part de marché conteneurs traitée par les ports français sur le territoire d’ici 2050 ;
  • D’accroître de 30 % la part des modes de transport massifiés dans les pré et post-acheminements d’ici 2030 et de doubler la part modale du fret ferroviaire dans le même temps ;
  • D’assurer 90 % des échanges de moyenne distance en énergies alternatives à horizon 10-15 ans par voie fluviale, ferroviaire ou par pipeline.

D’autres seront à construire, pour se fixer un cap et une cible à atteindre, avec les acteurs du territoire, notamment en matière de logistique urbaine et de tourisme.

Le présent rapport esquisse un projet de territoire autour de l’ambition annoncée par le Président de la République en septembre dernier et vise à éclairer les décisions gouvernementales en vue de sa concrétisation qui nécessitera une incarnation politique forte.

Télécharger le rapport d’orientations de la mission.

Mme Cécile Avezard, directrice territoriale de VNF et M. Pierre Meffre, Directeur de la valorisation portuaire et des plans Rhône de CNR, ont également remis leur Rapport sur le Schéma d’axe « Ôrizon 2035 » plaçant le fleuve Rhône et la navigation fluviale au cœur de cette ambition retrouvée. Il est téléchargeable en cliquant sur ce lien.

Pour le Préfet Mailhos : « Le travail à venir doit être abordé tout à la fois avec ambition et humilité. Les ports espagnols et italiens progressent et nous concurrencent. Ils sont récipiendaires d’investissements chinois importants. Les actions menées pour rendre l’hinterland des trois ports maritimes plus fort, plus visible à l’international et plus susceptible d’attirer des investissements bénéficieront à tous ». Et de poursuivre : « La coopération et la complémentarité feront la force de notre axe. Il convient de s’inspirer de la fédération Norlink qui, sans statut juridique, parvient à dépasser les antagonismes entre opérateurs pour imposer une identité forte de son hinterland à l’international. Enfin, l’arrivée en 2032 du tunnel de base du Lyon-Turin changera des équilibres et il convient de s’y préparer ».