À Tonnerre, la péniche-hôtel « C’est la vie » quitte le canal de Bourgogne

Olivier Mégret pointe de gros problèmes de navigation qui s’accentuent d’année en année, liés notamment à la profusion d’algues, à la hauteur d’eau et à la fermeture du canal par manque d’eau, presque chaque année, à partir du mois de juillet.

« C’est la vie ! » Pourtant Olivier Mégret n’est pas du style à se résigner, mais le propriétaire de la péniche-hôtel nommée justement C’est la vie va quitter définitivement le canal de Bourgogne. Un crève-cœur pour ce capitaine de bateau de croisière. « Ça fait 30 ans que j’y navigue. J’y ai passé de superbes moments, les paysages sont magnifiques. J’ai même fait le choix d’habiter dans le Tonnerrois. J’ai installé mon entreprise ici. Nos clients sont heureux de découvrir le nord de la Bourgogne, mais aujourd’hui ce n’est plus possible de naviguer dans le secteur. »

« On navigue à peine à 2 km/h »

Une décision qu’il a prise à cause de l’état du canal. Il rencontre de gros problèmes de navigation qui s’accentuent d’année en année, liés notamment à la profusion d’algues, à la hauteur d’eau et à la fermeture du canal par manque d’eau, presque chaque année, à partir du mois de juillet. Il avait déjà fait le choix depuis plusieurs années de quitter le secteur en juillet, août et septembre, pour revenir en octobre et finir la saison.

« Ne laissez pas mourir le tourisme fluvial »

« Aujourd’hui c’est devenu trop compliqué. On navigue à peine à 2 km/h. On met deux fois plus de temps qu’il ne faut. » Il n’est pas rare qu’il mette huit heures d’une escale à une autre. « C’est difficilement gérable quand on a des clients. »

Olivier Mégret est le propriétaire d’une Freycinet de 38 m. Il organise des croisières de luxe pour huit personnes maximum par semaine, à destination d’une clientèle à 90 % américaine, qui plonge dans l’art de vivre à la française entre la navigation, les paysages, la gastronomie, la découverte des vins et du patrimoine. Les artisans d’art de Noyers notamment ont un large sourire en les voyant arriver le mercredi matin au marché. Mais, la semaine prochaine il va mettre le cap définitivement entre Briare, la Champagne et la Marne, siège social compris.

S’il réagit de cette façon, c’est qu’il veut tirer la sonnette d’alarme et surtout lancer un appel aux autorités, aux élus pour qu’ils n’abandonnent pas le canal de Bourgogne. Le but n’est pas de pointer du doigt Voies navigables de France (VNF). « Je suis tout à fait conscient de l’ampleur de leurs tâches et des difficultés que rencontrent leurs agents. Mais ce canal est un trésor. Je ne demande qu’une chose, c’est de pouvoir travailler et de rester là. Il y a trente ans, nous étions dix péniches. Il en restera deux, mais elles partiront ailleurs si rien ne change. S’il vous plaît, ne laissez pas mourir le tourisme fluvial. »

Source : L’Yonne Républicaine.