60 mesures pour dynamiser le transport fluvial sur l’axe Méditerranée Rhône-Saône

La Présidente de l’agence de développement Medlink Ports et Directrice territoriale Rhône-Saône de VNF, Mme Cécile AVEZARD, a officiellement transmis au Ministre chargé des transports, ses propositions pour que l’axe Méditerranée Rhône-Saône (MeRS) rejoigne la dynamique fluviale nationale et contribue davantage à la transition écologique. Les conditions de réussite de ce plan sont un portage à haut niveau par l’État, une coopération renforcée des acteurs du report modal et le soutien des territoires.

La méthode retenue pour mener à bien la mission a été la co-construction avec l’ensemble des acteurs de terrain qu’ils soient publics ou privés (VNF, CNR, SNCF Réseau, GPM de Marseille, Entreprises fluviales de France – E2F…). Des rencontres ont également eu lieu avec les services de l’État et les collectivités territoriales de l’axe qui ont une compétence en matière de développement économique et de transports. Des échanges et partages d’expérience ont été organisés avec les acteurs nationaux de la logistique et les responsables des autres axes en France (HAROPA, Norlink).

Le 14 décembre 2020, Mme Cécile AVEZARD s’était vu confier une mission par M. Jean-Baptiste DJEBBARI, Ministre chargé des Transports, préoccupé par la contraction des trafics fluviaux de marchandises sur l’axe MeRS (6 millions de tonnes en 2019 contre 7.2 en 2010) alors que les trafics sur les autres bassins de navigation n’ont cessé d’augmenter ces 10 dernières années.

L’axe Méditerranée Rhône-Saône

L’axe MeRS se déploie sur un périmètre de 4 régions. Il dispose d’une infrastructure fluviale à grand gabarit (le Rhône et la Saône jusqu’à Pagny), du plus grand port maritime de France comme porte d’entrée (GPM de Marseille) de 5 autres ports maritimes (Sète, Toulon…) et d’un maillage d’une dizaine de ports fluviaux (Arles, Le Pontet, Salaise, Lyon, Villefranche, Mâcon, Chalon, Pagny…).

Il est le principal corridor de transport entre le Sud de l’Europe, la Méditerranée et le Nord de la France, et au-delà l’Europe du Nord et de l’Est. Le report modal fluvial reste bas (de l’ordre de 4 à 6% selon les années), l’axe étant marqué par une prédominance du transport routier.

Le renouveau logistique de l’axe Méditerranée Rhône-Saône est d’importance stratégique pour garantir la compétitivité de ces territoires et diminuer sensiblement les impacts environnementaux de l’activité de transport.

4 objectifs et 60 actions pour dynamiser l’axe Méditerranée-Rhône-Saône

Pour lever les freins et dynamiser le transport fluvial sur l’axe MeRS, Mme Cécile AVEZARD propose un plan révélant 4 objectifs et 60 actions très concrètes à mettre en œuvre par l’État, Medlink et les territoires :

  1. Diminuer le coût de la manutention et améliorer sa fiabilité et sa productivité :

Le rapport relève l’importance de changer les modes de facturation pour neutraliser le surcoût lié à la manutention fluviale des conteneurs dans les ports maritimes et fluviaux (à intégrer dans les THC-Terminal Handling Charges). Il préconise également la mobilisation de la place portuaire de Marseille pour optimiser les accès aux quais sur les terminaux à conteneurs et programmer des investissements pour améliorer le traitement du fluvial.

Si le surcoût de la manutention fluviale (et les solutions pour y remédier attendues de longue date par les professionnels de la filière) au port de Marseille-Fos constitue l’un des thèmes du rapport, il fait aussi l’objet d’une autre mission confiée en juin 2021 au préfet François Philizot par le même ministre. La date de remise de ce rapport sur « la facturation des prestations de manutention fluviale dans les ports maritimes » est annoncée pour octobre 2021.

  1. Capter de nouveaux flux

De nombreuses études montrent que les trafics fluviaux pourraient au moins doubler à horizon 2030 tant pour les filières traditionnelles (matériaux de construction, agroalimentaires, énergies…) que pour les filières spécifiques (colis lourds, déchets ultimes, logistique urbaine, économie circulaire, matières dangereuses).

Le rapport préconise une véritable démarche coordonnée pour augmenter la part du fluvial dans le transport de marchandises : par exemple lancer des expérimentations pour les filières spécifiques, développer des outils au service de la promotion commerciale, intégrer dans les documents d’urbanisme des territoires les modes massifiés ou encore réserver les terrains équipés disponibles fer / fleuve aux entreprises utilisant les modes massifiés.

  1. Favoriser l’investissement dans les systèmes de transport fluviaux et le recours à ce mode par les chargeurs

La fiabilisation des infrastructures fluviales et la disponibilité d’une flotte fluviale performante sont des éléments déterminants dans le choix des entreprises pour basculer leur logistique vers ce mode vertueux.

Le rapport préconise que l’État s’engage à poursuivre le volet fluvial du CPIER Rhône-Saône au travers d’un avenant à signer en 2022 pour planifier les investissements jusqu’en 2027. Dans ce cadre, il est nécessaire que le canal du Rhône à Sète fasse l’objet d’une rénovation pour pérenniser le transport de fret. Il apparaît également indispensable que l’État soutienne l’investissement des acteurs privés dans le secteur fluvial (flotte et système de transport).  Les territoires sont quant à eux appelés à favoriser l’implantation d’investisseurs par la présence des infrastructures ferroviaires et fluviales et à soutenir et développer la formation professionnelle dans le secteur fluvial.

  1. Accélérer le verdissement et la digitalisation des services de transports

L’attractivité de l’axe se joue aussi sur la capacité à accélérer le verdissement de la flotte fluviale et la digitalisation des services de transports.

Le rapport préconise d’intégrer un volet fluvial aux objectifs de l’agence d’innovation pour les transports, d’accélérer les homologations à l’échelle européenne des innovations françaises et de mettre en place des mesures fiscales incitatives en faveur du renouvellement de la flotte. Il appuie le développement de l’électrification des quais, l’accélération de la digitalisation des services (connexion des SI ferroviaires, fluviaux et maritimes, mise en place d’un éco-calculateur…) et la poursuite des expérimentations visant à développer une flotte hydrogène.

La nécessité d’un portage fort de l’État et d’une coopération territoriale renforcée

La réussite du plan repose sur une impulsion politique forte et indispensable de l’État, une coopération renforcée des opérateurs d’infrastructures et de réseaux et un soutien des territoires dans l’exercice de leurs compétences en matière de transport, de développement économique, d’urbanisme et de transition écologique.

Le rapport préconise la nomination d’un délégué interministériel placé auprès du Premier ministre à l’instar de ce qui existe pour l’axe Seine. Ce délégué assurera le lien avec Medlink et sera en prise avec les administrations centrales et les instances européennes. Il coordonnera la vision et l’action de l’État sur l’ensemble des problématiques logistiques de l’axe (routières, ferroviaires et fluviales).


Lien :
Rapport : Le plan d’action pour dynamiser le transport fluvial sur l’axe Méditerranée Rhône-Saône.